Sayedat al-Najat, l'espérance après le martyr

Les martyrs de la cathédrale Sayedat Al Najat de Bagdad

Le 31 octobre 2010, dans la cathédrale Sayedat Al Najat de Bagdad, 48 chrétiens ont été tués pendant la messe par un groupe de terroriste islamiste. Mgr Youssef Abba, l’évêque syriaque catholique de Bagdad raconte l’horreur de leur supplice. « Ça a duré 4 heures. Vous voyez le rouge là par terre, c’est le sang qui a coulé de l’autel jusque à la porte…  Le sang des chrétiens, des martyrs de Sayedat Al Najat. Après l’attentat, 200 familles chrétiennes de Bagdad ont quitté l’Irak. »

En Irak, au début des années 2000 les chrétiens étaient plus d’un millions et demi, les deux tiers sont partis pour fuir les persécutions. A Bagdad, ils étaient au moins 750 000 ils sont 10 fois moins nombreux aujourd’hui. Exilés à travers le monde, ils restent très attachés à leur terre. Mgr Youssif Abba espère leur retour encouragés par la visite du pape François. « Il y a des gens qui veulent quitter le pays, qui ont une vision un peu pessimiste. Mais les autres veulent rester ici sur leur terre dans leur pays. Ils veulent donner le témoignage de l’histoire des chrétiens de Mésopotamie qui ont donné leur sang pour ce pays. Les jeunes veulent participer à la reconstruction du pays. Nous sommes tous frères. La Terre c’est notre maison commune. Les paroles du Saint Père nous encouragent. Sa venue est une bénédiction, une consolation pour nous. »

Un chemin difficile vers le pardon

Sayedat al Najat a été restaurée, à côté de l’église un monument fait mémoire des victimes en signe de paix et de fraternité, aux alentours, les jeunes musulmans de Bagad ont recouvert les murs de peintures à l’effigie du pape mais le dialogue n’est pas toujours simple. C’est ce dont témoignent Maryame, Rina et Nadia des chrétiennes de Bagdad. "C’est difficile parfois de vivre sa foi chrétienne dans ce pays.  Mais nous gardons la foi tout le temps et partout. S’il est impossible d’aller à l’église, nous prions à la maison. C’est un défi permanent. Il faut parfois expliquer notre foi aux musulmans quand ils sont ouverts au dialogue. A l’école, c’est difficile surtout avec les professeurs musulmans et durant l’enseignement religieux islamique. Certains veulent nous convertir en disant que notre Dieu n’est pas un vrai Dieu."

"Vous êtes tous frères"

"Pour nous chrétiens le pardon fait partie de notre foi, et nous avons pardonné toutes les persécutions, mais il faut que ce soit réciproque. Nous les respectons mais eux ne nous respectent pas toujours et c’est comme ça pour les autres religions en Irak, les yézidis les mandéens, les kakaïs… Nous espérons que la visite du pape change l’état d’esprit du gouvernement de culture musulmane pour qu’il respecte les minorités religieuses d’Irak. » ajoutent Rina et Nadia.

 « Vous êtes tous frères » c’était la devise du voyage du pape François en Irak. Une fraternité à l’épreuve de la peur après des années de violence et de méfiance. En Irak, chrétiens et musulmans doivent réapprendre à vivre ensemble et à dialoguer.