"La non-violence, c'est une manière de faire qui découle d'une manière d'être", disait Aldo Capitini. Une phrase qui séduit fortement Sébastien Dumont. Apiculteur dans Drôme, il est habité par une vie spirituelle intense, marquée par la non-violence. Et qui rejoint la dimension d’écologie intégrale prônée par le pape François. Rencontre.
Originaire de la Sarthe, Sébastien Dumont a reçu une éducation religieuse marquée notamment par l'évocation du roi Josias, dans la Bible, et "le scandale de la mort du juste". Quelques années plus tard, en 1991, il a subi une agression à Nantes : cet événement a fait écho à l'histoire du roi Josias qui l'avait fortement marqué enfant. "La confrontation avec la violence alors qu'on a rien fait, le scandale de la violence injuste, ça a suscité en moi une haine extrêmement forte, que je ne pouvais pas maîtriser."
Sébastien Dumont a "entamé un chemin existentiel" habité par la question : "Comment répondre à la violence et au mal ? Comment je fais pour vivre avec ces questions-là ?" Il s'est plongés dans les textes de Martin Luther King et de Lanza del Vasto. "Ça m'a donné une compréhension sur les violences qui habitent notre monde, et la non-violence comme une réponse essentielle au message chrétien."
Habité d'une intense soif spirituelle, attiré par la prêtrise, Sébastien Dumont s'est senti toutefois appelé au mariage et à une vie dans le monde. "Quand j'ai commencé à travailler, pour moi il était important de chercher un travail non-violent économiquement." Devenu ingénieur dans un bureau d'étude, il a ressenti une aspiration "à une unité de vie plus forte", à donner plus de place au corps et à la contemplation. D'apiculteur amateur, il est devenu peu à peu professionnel.
Parents de sept enfants, de huit mois à 17 ans, Lucile et Sébastien Dumont se sont installés dans la Drôme, à Châteauneuf-de-Galaure. Ils ont créé Les ruchers de saint Ambroise, il y a une dizaine d’années. Lui s'occupe de leurs 260 ruches et commercialise son miel. Il n'avait pas d'origines paysannes mais il était "proche culturellement" de ses grands-parents au "mode de vie simple, avec un grand potager, des animaux à élever pour l'autosuffisance..."
"Dans la question du travail il y a un enjeu hyper fort et qui rejoint la question écologique : c'est qu'en fait par le travail, explique-t-il, on va à la rencontre de la création, de la nature, de la matière." Les abeilles lui enseignent la non-violence en l'invitant à "rendre grâce" pour la création et sa beauté. "Contempler les abeilles, c'est extrêmement beau !" L'apiculture lui enseigne "que même si vous travaillez ce n'est qu'une coopération" et cela "relativise l'importance du travail". Reconnaître qu'il y a quelque chose "de l'ordre de l'alliance avec l'animal", qui est "donnée".
Émission d'archive diffusée en février 2018
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