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Séraphin de Sarov, témoin de l'Esprit Saint

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 26 janvier 2023 - Modifié le 26 janvier 2023

Ce grand saint orthodoxe est vénéré aussi par les catholiques qui reconnaissent en lui un témoin de l'Esprit Saint.

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Le 2 janvier, l’Église orthodoxe – et en particulier l’Église russe – fête un saint moine : saint Séraphin de Sarov. C’est la première fois que je vous parle d’un saint qui n’est pas (entre guillemets) « reconnu » par l’Église catholique. Je vous ai souvent parlé de saints qui sont vénérés comme saints tant en occident qu’en orient. Ce sont des saints qui ont vécu avant le grand schisme qui a malheureusement déchiré l’Église latine et l’Église orthodoxe.

 

Séraphin est un moine qui a vécu en Russie à la fin du XVIIIème – début XIXème siècles. Il est considéré comme saint par l’Église orthodoxe, mais il y a quelque chose en plus : Séraphin de Sarov jouit d’une très grande réputation de sainteté au-delà de l’Église orthodoxe, et en particulier chez les catholiques.


Prokhore Isidorovitch Mochnine, notre futur Séraphin de Sarov, est né à Koursk le 19 juillet 1754. Ses parents sont des marchands pieux. Très vite, le jeune Prokhore se sent appelé à la vie monastique. Très vite aussi, il est favorisé de grâces exceptionnelles. Lors d’une maladie, la Vierge Marie lui apparaît et promet de le guérir.

 

La vie monastique 

 

Le 20 novembre 1779, Prokhore entre dans le monastère de Sarov et  devient un moine modèle, mais sans histoire. Il est d’abord le bucheron de la communauté. Toutes ses activités, il les mène dans la prière continuelle en répétant le nom de Jésus. C’est ce qu’on appelle la prière du cœur ou l’hésychasme.
Le 13 août 1786, Prokhor reçoit la tonsure monastique et devient Séraphin, ce qui signifie le flambeau, le feu ardent. Dans la foulée, il est ordonné diacre, puis hiéromoine, nom qu’on donne dans l’Église orthodoxe aux moines qui sont ordonnés prêtres. À partir de ce moment, la célébration de la sainte liturgie occupe une place centrale dans sa vie. Il a même une vision du Christ souffrant pendant la célébration du Vendredi saint.
En 1794, après 15 ans de vie monastique, Séraphin reçoit la permission de vivre en ermite dans une isba, une cabane perdue au fond d’un bois qu’il appelle « lointain petit désert ». Dans cette vie solitaire, il va connaître une ascension spirituelle vertigineuse, guidé uniquement par la grâce de Dieu.

 

Les débuts d'une vie érémitique 

 

Au début, Séraphin cultive un petit potager et entretient une ruche. Puis il finit par vivre seulement de ce qu’il peut trouver dans la forêt : des herbes et des baies sauvages. Malheureusement, un jour, il est assailli par des bandits qui le rouent de coups. Séraphin est gravement blessé et ne se remettra jamais de ses blessures. Désormais il marche courbé, appuyé sur un bâton. Finalement, les malfrats qui l’ont attaqué sont arrêtés, mais Séraphin intercède pour eux pour qu’ils ne soient pas punis. Il menace même de quitter le monastère si on les châtie. Lui, il leur a déjà pardonné.


À partir de ce moment, de 1804 à 1807, Séraphin commence une nouvelle étape de sa vie. Il devient stylite, c’est-à-dire qu’il se tient debout sur un rocher au milieu de la forêt pendant mille nuits en répétant la prière de Jésus : « Seigneur, prends pitié de moi, pécheur ! »
Entre 1807 et 1810, Séraphin entre dans un silence complet. À ceux qui s’en plaignent, à ses « fils spirituels », il répond : « Il est bon de parler pour Dieu, mais il est mieux encore de se purifier pour lui intérieurement. » Pendant cette période, s’il croise quelqu’un dans la forêt, il se prosterne sur le sol en silence et attendant que la personne soit partie pour se relever. Dans ses instructions spirituelles, il écrira plus tard que le silence est pour lui « la croix sur laquelle l’homme doit se crucifier avec tous ses péchés et toutes ses passions » (Instructions spirituelles, 38).

 

Une vie d'accueil et de rayonnement 

 

En 1810, l’higoumène du monastère de Sarov, c’est-à-dire le père abbé, ordonne à Séraphin de réintégrer les murs du monastère. Séraphin obéit humblement, mais il demande une faveur : convaincu que Dieu lui demande de ne pas rompre son vœu de silence, il obtient la grâce d’adopter la vie de zatvor, c’est-à-dire de vivre reclus dans son étroite cellule. Séraphin va vivre quasiment 15 années dans ces conditions. À son disciple Jean Tikhonovitch, il avoue avoir contemplé « la beauté des demeures du paradis et les saints, les prophètes, les martyrs, les apôtres, rayonnant d’une gloire et d’une joie infinie ». Les gens qui côtoient Séraphin disent de lui qu’il ressemble à « ange terrestre ou à un homme céleste ». Il est désormais prêt pour une vie dans le monde, une vie de témoignage. C’est ainsi qu’en 1825, sur l’ordre de la Mère de Dieu, Séraphin sort de sa cellule. Pour le reste de sa vie, il va servir les hommes.

 

Séraphin se met à accueillir les visiteurs. Il appelle chacun d’eux « ma joie ». Il devient un maître spirituel et un conseiller qui attire beaucoup de disciples. Il conseille les moines, s’occupe d’une communauté de religieuses, les sœurs de Divéyevo, et il accueille aussi de nombreux laïcs qui deviennent ses fils spirituels pour lesquels il compose une règle de prières journalières (Instructions spirituelles, pp. 212-213). Parmi ces fils spirituels, il y en a un qui est devenu célèbre parce qu’il a assisté la transfiguration de Séraphin dans la lumière de l’Esprit Saint : c’est le fameux Nicolas Motovilov qui a raconté son entretien avec le saint. Une moniale de Divéyevo,  sœur Eupraxie, reçoit une grâce analogue car elle peut assister à une conversation familière entre le starets Séraphin, la Vierge Marie et plusieurs saintes.

 

Vivre de l'Esprit Saint !

 

Séraphin meurt le 2 janvier 1833. On le retrouve mort à genoux devant l’icône de la Vierge de Tendresse.
Après sa mort, Séraphin de Sarov devient très populaire en Russie et on lui attribue de nombreux miracles. S’appuyant sur cette dévotion largement répandue, le Saint Synode de l’Église russe canonise Séraphin de Sarov en présence du tsar Nicolas II le 19 juillet 1903, soixante-dix ans après la mort du starets.


Ce qui a contribué à rendre saint Séraphin de Sarov populaire en occident, c’est son fameux entretien avec Motovilov. Nicolas Motovilov est un disciple du saint qui raconte une conversation qui a eu lieu en hiver, dans une clairière. Motovilov cherche à comprendre le but de la vie chrétienne. Le père Séraphin devine sa question et donne cette réponse magnifique : Le vrai but de la vie chrétienne consiste en l'acquisition du Saint-Esprit de Dieu.

Alors Motovilov veut comprendre comment acquérir l’Esprit Saint. 
Le Père Séraphin répond que par la conversion de tous ses péchés et la pratique des vertus contraires aux péchés, on arrivera à l’acquisition du Saint-Esprit.


Motovilov ne comprend toujours pas. Il voudrait savoir avec certitude qu’il se trouve dans l’Esprit Saint. Alors saint Séraphin prend Nicolas Motovilov et le serre très fort en lui disant : « Nous sommes tous les deux, toi et moi, en la plénitude de l’Esprit-Saint. Pourquoi ne me regardes-tu pas ? »
Alors, Motovilov avoue : — Je ne peux pas, Père, vous regarder. Des foudres jaillissent de vos yeux. Votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. J’ai mal aux yeux… Et saint Séraphim lui dit : « N’aie pas peur, ami de Dieu. Tu es devenu aussi lumineux que moi. Toi aussi, tu es à présent dans la plénitude du Saint-Esprit, autrement tu n’aurais pas pu me voir. »
Motovilov a fait cette expérience visible d’être plongé dans l’Esprit Saint. Saint Séraphin de Sarov nous fait comprendre que nous sommes tous plongés dans cet Esprit Saint par la grâce de notre baptême. Nous ne le voyons pas, nous ne le sentons pas, mais le feu de l’Esprit Saint brûle en nous, si nous sommes en état de grâce. Remercions-le pour ce cadeau merveilleux !
 

 

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