"Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera"
Méditation de l'évangile (Jn 12, 24-26) par le père Bernard Devert
Chant final: "le grain de blé" par Dei Amoris Cantores
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera. »
Source : AELF
« Celui qui aime sa vie, la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la Vie éternelle ».
Nous sommes peu enclins à s’éveiller à cette proposition de vie dans cette proposition où le perdant se révélant celui qui gagne.
Que nous faut-il perdre pour vivre dans l’esprit de l’Evangile.
Qu’est-ce que vivre. Qui peut mieux nous répondre qu’un détenu en attente de liberté. Les barreaux, il les supporte mal et plus le temps s’écoule, davantage il aspire à sortir de sa captivité.
Suis-je si pressé de sortir de la mienne, de mes enfermements. Mes barreaux ne deviennent-ils pas des protections pour ne pas aller vers ceux dont la vie pourrait remettre en cause la mienne pour quitter l’indifférence.
Que nous propose le Seigneur, si ce n’est de désirer cette liberté intérieure en se détachant de cette part de soi-même qui déshumanise. Le jaillissement de la vie suscite les espaces de générosité. les béatitudes en sont une des clés d’ouverture.
Heureux les pauvres de cœur.
Le monde nous parle de ceux qui gagnent, l’Evangile nous donne à comprendre que les losers sont les gagnants pour le Royaume.
A celui qui te demande, donne davantage. Avec celui qui t’invite à faire un bout de chemin, va plus loin, sois moins économe de ton temps ou de ton argent avec celui qui n’a rien à t’apporter ou te rendre. Avec un tel programme, nous sommes certains de ne pas être les plus riches du cimetière.
L’Evangile met souvent en scène des hommes qui n’ont pas de temps à perdre, par exemple le prêtre, le Lévite. Seul le Samaritain – qui est le plus lointain – se rapproche de celui qui est à moitié mort au bord du chemin.
Dieu n’a aucune idée de possession. L’éternité, c’est cette dépossession de soi pour enfin naître à ce que nous sommes appelés à devenir. Les frontières tombent. L’avenir, habité par la Résurrection, démonétise les avoirs et modifie les pouvoirs pour en faire l’expression d’un service.
Qu’est-ce que j’attends pour entrer réellement dans cet avenir que je reconnais dans la foi comme un déjà-là. Des signes fort heureusement nous sont offerts.
L’accueil de familles déclassées socialement, mal aimées, a fait l’objet d’une fracture aux dires du Maire qui ne voit que le refus alors que, dans le même temps, d’autres administrés décollaient de leurs habitudes pour se laisser habiter par la fraternité.
Fallait-il ne point agir. C’eût été laisser des enfants dans des bidonvilles, privés d’une scolarité, de tout avenir. Le Livre de l’Humanité rappelle que l’exil est malheureusement préféré au chemin de l’exode.
Le sujet n’est pas de juger, mais d’accepter au nom de l’Evangile de perdre parfois l’estime des autres en raison de l’incompréhension qu’entraînent nos engagements. Perdre, c’est aussi faire gagner ceux qui avaient tout perdu.
De quelle estime le Seigneur bénéficiait lorsqu’Il fut crucifié. Il a humainement tout perdu, mais cette perte se révèle le sillon d’une vie nouvelle, celui de la Résurrection vers lequel Il nous entraîne. Qui perd gagne.
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