"Si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même"
Méditation de l'évangile (Jn 13, 16-20) par le père Emmanuel Pic
Chant final: "Mon âme se repose" par la communauté de Taizé
Après avoir lavé les pieds de ses disciples,
Jésus parla ainsi :
« Amen, amen, je vous le dis :
un serviteur n’est pas plus grand que son maître,
ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie.
Sachant cela, heureux êtes-vous,
si vous le faites.
Ce n’est pas de vous tous que je parle.
Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis,
mais il faut que s’accomplisse l’Écriture :
Celui qui mange le pain avec moi
m’a frappé du talon.
Je vous dis ces choses dès maintenant,
avant qu’elles n’arrivent ;
ainsi, lorsqu’elles arriveront,
vous croirez que moi, JE SUIS.
Amen, amen, je vous le dis :
si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ;
et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »
Source : AELF
Jésus a-t-il été vraiment libre ? à lire les évangiles, cela ne semble pas avoir été toujours le cas.
Jésus témoigne d’une incroyable liberté vis-à-vis de son entourage et des coutumes de son temps. La preuve : les personnes dont il s’entoure et qui ne sont pas toutes au-dessus de tout soupçon, les polémiques dans lesquelles il s’engage au sujet de l’interprétation de tel ou tel passage de l’Ecriture et qui mettent en fureur ses interlocuteurs, la familiarité dont il fait montre à l’égard de celui qu’il appelle son Père et qui n’est rien d’autre que Dieu lui-même.
Mais cette liberté semble trouver des limites lorsqu’il parle de sa mort : « Il faut, dit-il, que l’Ecriture s’accomplisse. » Comme s’il était soumis à une destinée à laquelle il ne peut échapper. Comme si l’Ecriture était un livre dans lequel était prévu d’avance son avenir et celui de toute l’humanité.
Pour Jésus, l’Ecriture n’est pas une contrainte. Elle est la Parole de Dieu, mise par écrit à travers des paroles humaines, des témoignages humains. La sagesse millénaire d’hommes et de femmes qui témoignent pour les générations futures de tout ce que le Seigneur a fait pour eux. Cette Parole, il n’en finit pas de la méditer, il la connaît par cœur, il en fait sa nourriture. Cette Parole le constitue en tant qu’homme et lui donne toute la richesse de sa profonde humanité. Il EST cette Parole, à tel point qu’il y trouve sa propre vie et qu’il y relit toute son histoire. Il est celui qui accomplit parfaitement cette Parole et qui lui donne tout son sens. Elle est la source, non pas de sa destinée, mais de sa liberté.
C’est ainsi qu’il comprend à quoi il est appelé : à réaliser jusqu’au bout la Parole de Dieu, jusqu’à se donner lui-même. Il disparaît derrière la Parole. Avec lui, la Parole de Dieu n’est plus une lettre morte ; elle est Parole vivante, lieu de dialogue dans lequel il se construit et dans lequel son humanité se réalise pleinement.
La liberté de Jésus n’est pas la liberté de choisir sa vie, de la construire en faisant abstraction de toutes les contraintes qui réduisent les possibilités de choix. Sa liberté, c’est celle de dire ce qu’il pense, de choisir ses amis, d’aller à l’encontre des convenances quand c’est nécessaire. Elle se vit, cette liberté, dans le cadre le plus libérant qui soit, celui de la Parole de Dieu. « Il faut que l’Ecriture s’accomplisse » : nous aussi, comme le Christ, sommes appelés à vivre de cette manière la Parole de Dieu, à nous en nourrir et à en faire le lieu de la réalisation de notre humanité et de notre liberté.
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