"Tout être vivant verra le salut de Dieu"
Méditation de l'évangile (Lc 3, 1-6) par le père Bernard Devert
Chant final: "préparez, à travers le désert" par la communauté de l'Emmanuel
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère,
Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,
Hérode étant alors au pouvoir en Galilée,
son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide,
Lysanias en Abilène,
les grands prêtres étant Hanne et Caïphe,
la parole de Dieu fut adressée dans le désert
à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain,
en proclamant un baptême de conversion
pour le pardon des péchés,
comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète :
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Tout ravin sera comblé,
toute montagne et toute colline seront abaissées ;
les passages tortueux deviendront droits,
les chemins rocailleux seront aplanis ;
et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Source : AELF
L’an 15 du règne de l’Empereur Tibère - dans un pays occupé sur le plan politique mais qui n’est pas sans contrepouvoir avec les grands prêtres - la Parole de Dieu fut adressée dans le désert.
Pourquoi ce désert ? Tous étaient occupés, préoccupés par leurs charges, sans pouvoir se confier à personne au risque de perdre de leur prestige. Le pouvoir isole
Des hommes puissants qui occultaient leur fragilité, mais aussi celle des autres.
L’an 15, mais l’année 2021 n’est pas très différente. Il n’y a pas d’occupation, encore que l’on entende des polémistes et même des politiques nous dire que notre Pays est trop occupé par ceux venus d’ailleurs, aussi serait-il bien de les renvoyer dans leur désert fait de misères et de violences.
Quelle parole de Dieu est audible quand le refus de l’autre, confronté à la vulnérabilité trouve une telle audience médiatique.
Il était un homme ; Il n’avait pas la formation des grands prêtres, fuyait les titres. Sa simplicité se disputait à son rayonnement né de la cohérence de sa vie avec la parole de Dieu dont Il témoignait.
D’aucuns venaient l’entendre, mais la parole proclamée avait la tendresse d’un amour et la rudesse d’une exigence : rendez droits les sentiers qui préparent les chemins du Seigneur, comblez les ravins et abaissez collines et montagnes. Ne construisez pas de murs, tout être vivant doit voir le salut de Dieu.
Que d’hommes basculent dans des ravins, des squats, la rue. Impossible de ne pas voir ces invisibles, et pourtant pour s’habituer au drame de ceux qui n’ont rien pour habiter, on passe nos chemins sans prêter attention. Quelle préparation alors à la venue du Seigneur !
Qu’est-ce qui nous fait nous lever, marcher. Quelle est notre attente ?
J’entends, mon propos ne va pas plaire, mais je ne suis pas à part des autres et cette Parole, je la reçois ce matin comme vous, mesurant la distance entre ce que je vis et ce que la Parole de Dieu m’invite à vivre.
Dans 20 jours, c’est Noël, un moment qui, au début de notre ère comme en ce 3ème millénaire, parle aux plus fragiles. Comment s’en étonner puisqu’ils ne sont pas encombrés par ce qu’ils ont et l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes.
La Parole est claire : faites tomber les barrières, celles-là mêmes que nous plaçons à l’intérieur de nous-mêmes pour nous protéger afin de ne rien changer ; mais est-ce notre désir.
« Préparez les chemins du Seigneur ». Comment pourrait-il venir alors que nous avons mis tant de péages, de barrières, de matérialités dans notre histoire que le prix du don de sa vie ne vient pas ouvrir la nôtre ou si difficilement.
Ce prix est tellement incroyable qu’il nous semble un conte : il était une fois…
Des Jean-Baptiste, heureusement, témoignent de sa venue ; ils nous désarment le temps de la rencontre, parfois davantage. Alors, tels ces quelques visiteurs importants venus à la crèche, ils s’en retournent par un autre chemin, si libérés qu’ils abandonnent ce qui les encombrait.
Cette préparation à Noël est loin d’être une séduction, mais Dieu ne vient pas séduire ; Il parle au cœur pour nous apprendre à aimer. Il faut beaucoup de silence et, dans ce vacarme entendu depuis des mois contre ceux-ci, contre ceux-là, comme il est bon de se rendre à cette crèche, se laissant guider par une étoile, non point pour s’en emparer mais pour consentir à ce que notre vie soit éclairée autrement.
Alors Noël se précise ; quel risque ! Mais quel est-il à côté de celui que Dieu prend pour nous.
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