"Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement"
Méditation de l'évangile (Mt 5, 20-26) par la pasteur Corinne Charriau
Chant final: "Sous ton regard" par la communauté de l'Emmanuel
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je vous le dis :
Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens,
vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne commettras pas de meurtre,
et si quelqu’un commet un meurtre,
il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Tout homme qui se met en colère contre son frère
devra passer en jugement.
Si quelqu’un insulte son frère,
il devra passer devant le tribunal.
Si quelqu’un le traite de fou,
il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel,
si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel,
va d’abord te réconcilier avec ton frère,
et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire
pendant que tu es en chemin avec lui,
pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge,
le juge au garde,
et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis :
tu n’en sortiras pas
avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Source : AELF
Jésus réinterprète la loi, en faisant ceci il fait ce qu’il a annoncé : il est venu la mener à son accomplissement, à sa plénitude. Il va alors structurer son discours avec six antithèses. Nous avons entendu la première antithèse de Jésus : « Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre ; celui qui commet un meurtre sera passible du jugement. Et moi, je vous dis… ». « Et moi, je vous dis », voilà l’introduction de la première antithèse !
Le petit mot grec qui introduit cette formule peut être traduit par « mais », « mais moi je vous dis » ce qui marque une opposition, ou bien il peut être traduit par « et », « et moi je vous dis », donc sans opposition, ou encore il peut être traduit par « or », « or moi je vous dis » ce qui introduirait un propos plus exigeant.
Je retiendrais cette dernière possibilité à la lumière de ce que dit Jésus. Il aborde ici le meurtre, ce qui nous renvoie à la loi et nous ramène au décalogue : « tu ne commettras pas de meurtre ». Ecoutons au chapitre 20 du livre de l’Exode ce qui introduit le décalogue, les dix paroles : « Je suis le SEIGNEUR, ton Dieu ; c'est moi qui t'ai fait sortir de l'Egypte, de la maison des esclaves. » Les dix paroles s’inscrivent dans un acte de libération de Dieu vis-à-vis de son peuple qui est esclave en Egypte. Les dix paroles ont été données par Dieu pour vivre bien ensemble.
Jésus en vient à décliner la loi en gardant ce sens premier du « bien vivre ensemble ». Il passe du meurtre aux mots qui blessent : « celui qui dira à son frère - je rajouterai à sa sœur - : “Imbécile” sera justiciable du Sanhédrin ». Jésus passe du meurtre aux mots qui s’en prennent à autrui ! Nous pourrions nous dire que c’est disproportionné ! Pourtant, chacune et chacun a besoin d’être respecté(e), de ne pas être touché(e) dans sa dignité. L’actualité nous rappelle malheureusement le pouvoir des mots qui font mal et abîment des êtres humains, frères et sœurs en humanité. Être en communion avec Dieu, nous invite à prendre soin des autres, nos prochains.
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