Le diocèse d’Angers vient de publier le rapport annuel de sa cellule d’écoute. Dédiée aux victimes d’abus sexuels, elle est active depuis trois ans désormais. L'heure du bilan, mais pas seulement, le diocèse compte encore renforcer sa lutte contre ces abus. Explications.
La cellule d’écoute du diocèse d’Angers a trois ans. Un dispositif né en 2021, juste après la publication du rapport de la CIASE sur les abus et violences sexuelles dans l’Eglise. La commission estimait alors à 300 000 le nombre de victimes potentielles en France. En Anjou, six personnes formées pour cette mission se sont attelés à recevoir les témoignages et les signalements des victimes.
65 témoignages en trois ans. C’est le bilan de cette cellule d’écoute mise en place par le diocèse d’Angers. Des confidences venues de « nombreuses personnes assez âgées » confie Bénédicte d’Aillière, coordinatrice du dispositif, « qui ont été remuées, ou peut-être pour qui certaines choses sont revenues à la surface » après le rapport de la CIASE. Malgré tout, certains témoignages de trentenaires ou quarantenaires ont aussi émergé, « pour des faits moins anciens », signe que le travail n'est pas terminé.
En majorité, les personnes mises en causes sont déjà décédées, mais pas toujours. Preuve que cette cellule d’écoute peut obtenir des résultats concrets : l’évêque du diocèse d’Angers, Mgr Emmanuel Delmas, a effectué un signalement au Procureur de la République d’Angers dans l’une de ces affaires.
Ces témoignages sont évidemment gardés secret, mais conservés par écrit. Une méthode qui fait partie d’un travail essentiel pour la reconstruction des victimes selon Bénédicte d’Aillière.
On ne peut pas réparer l'irréparable, mais par contre, on peut réparer l'irréparé. Et c'est toute la question de savoir comment une personne, qui a vécu ces traumatismes, puisse continuer à vivre sa vie malgré tout.
Aujourd’hui, le rythme de témoignage auprès de la cellule d’écoute tend à se raréfier, mais pour continuer ce travail de lutte contre les abus, qu’ils soient physiques ou psychologiques, le diocèse d’Angers vient de créer un poste de délégué dédié à ce travail. Délégué qui sera chargé d’accompagner sur le long terme les victimes qui le souhaitent, mais pas que. « Nous sommes aujourd’hui dans un travail de prévention, affirme François Richer, vicaire général du diocèse d’Angers. Savoir écouter, accueillir, c'est un travail qui est long, mais nous voulons tout mettre en place pour aider au mieux, selon leur souhait, les victimes ».
Diocèse d’Angers qui organise sa prochaine journée mémorielle pour les victimes d’abus le 28 mars 2025. Pour contacter la cellule d’écoute, une adresse mail : paroledevictimesanjou@diocese49.org, ou via le site internet du diocèse. La cellule d’écoute s’engage à rappeler les victimes sous 24 à 48h.
Le rapport annuel concernant la cellule d’écoute du diocèse d’Angers est à retrouver ici.
A retrouver également, le podcast lancé par RCF : "Silence on crie", où des victimes d'abus dans l'église se sont livré au micro de Stéphanie Gallet.
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