"Tu es le Christ... Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup"
Méditation de l'évangile (Mc 8, 27-35) par le père Bernard DEVERT
Chant final: "La voix du Seigneur m'appelle" par Sébastien DEMREY,Jimmy LAHAIE et Andrée GRISE
En ce temps-là,
Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples,
vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe.
Chemin faisant, il interrogeait ses disciples :
« Au dire des gens, qui suis-je ? »
Ils lui répondirent :
« Jean le Baptiste ;
pour d’autres, Élie ;
pour d’autres, un des prophètes. »
Et lui les interrogeait :
« Et vous, que dites-vous ?
Pour vous, qui suis-je ? »
Pierre, prenant la parole, lui dit :
« Tu es le Christ. »
Alors, il leur défendit vivement
de parler de lui à personne.
Il commença à leur enseigner
qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup,
qu’il soit rejeté par les anciens,
les grands prêtres et les scribes,
qu’il soit tué,
et que, trois jours après, il ressuscite.
Jésus disait cette parole ouvertement.
Pierre, le prenant à part,
se mit à lui faire de vifs reproches.
Mais Jésus se retourna
et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre :
« Passe derrière moi, Satan !
Tes pensées ne sont pas celles de Dieu,
mais celles des hommes. »
Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit :
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite,
qu’il renonce à lui-même,
qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie
la perdra ;
mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile
la sauvera. »
Source : AELF
Magnifique et étonnante confession de foi que celle de Pierre à Césarée.
Que sait-il vraiment du Fils de l’homme pour s’écrier aussi soudainement que vivement, mais bon sang, Il est le Christ, le Messie, le Dieu vivant !
Dieu n’est pas une invention, mais une découverte.
L’intelligence a sa part, plus encore celle du cœur, alors, et alors seulement, la proclamation de la foi suscite une vie bouleversante. La question pour nous, ce matin, est de se demander quelle disponibilité acceptons-nous d’offrir au Seigneur pour que notre espérance signe ce bouleversement.
Le Dieu révélé, ni ne s’impose, ni d’avantage se prouve : il s’éprouve. Il ne s’agit pas seulement de le reconnaître, il s’agit de naître. Tout l’enjeu de la foi est cette pâque, passage de la reconnaissance à une naissance.
Maurice Zundel dit très justement : « je ne crois pas en Dieu, je vis en Dieu ».
A Césarée, si Pierre donne une place au Seigneur, il n’opère pas ‑ à ce moment-là ‑ un déplacement tel que sa vie soit transformée. Une foi verbalisée, accompagnée de cet attribut qu’est le pouvoir.
Aussi quand le Messie, le Dieu vivant, annonce à ses disciples la place qu’Il se doit d’occuper, l’échange est celui d’un malentendu qui fait dire à Pierre, qu’il n’en est pas question, ta place de Messie, tu ne la perdras pas. Nous avons entendu l’interpellation de Jésus : « passe derrière-moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes »
Dieu vit à genoux ou debout sur la Croix.
Une place incompréhensible. Or, c’est précisément là que tout bascule comme l’évoque si intelligemment Saint-Thomas d’Aquin, rappelant que ce qui incline l’âme à l’Amour de Dieu, c’est son humilité jusqu’à se soumettre à ses créatures comme si chacune d’elles était son dieu.
Répondre à la question : « pour vous qui suis-je », c’est s’ouvrir à une Présence si pleinement donnée qu’elle est un appel à « décrucifier » le Seigneur.
Difficile d’imaginer une telle perspective en restant au pied de la Croix ; il nous faut la porter et pas seulement la traîner.
Confiance désarmante du Seigneur qui nous redit ce matin : « pour vous qui suis-je » ; en d’autres termes, comment son amour nous permet d’exister autrement, s’éloignant d’une logique réductrice et « enfermante » du monde.
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