Malgré les insatisfactions de l’existence, le bonheur de vivre se goûte à travers des plaisirs simples. Un bonheur reçu comme un don de Dieu, encore faut-il le prendre comme tel à l’heure où la vieillesse, la maladie et la mort peuvent nourrir notre angoisse. Ainsi l’homme peut être saisi parfois par l’envie d’en finir lorsqu’il croit être dans une impasse définitive.
Pour en parler, l’un des textes bibliques les plus éclairants est sans nul doute le livre de l’Ecclésiaste. Sans oublier l’histoire du roi Saul. Pour en parler, Madeleine Vatel reçoit le père Paul Denizot, recteur du sanctuaire de Montligeon. Un sanctuaire situé dans l’Orne où de nombreuses personnes vivant dans des situations difficiles se rendent chaque année, et se questionnent parfois sur le sens de la vie. "Le démon de mon cœur s’appelle à quoi bon disait Bernanos. Nous n’arrivons pas à donner de sens à la mort. Je ne la choisis pas comme plein d’autres choses, alors pour l’esquiver, la maîtriser, je me donne la mort" explique-t-il.
Pour le père Paul Denizot, il existe pourtant des solutions qui permettent de retrouver le goût à la vie. "La personne est plus que sa souffrance. On a parfois la tentation de voir notre vie qu’à l’aune de notre souffrance. Ce n’est pas vrai. Je souffre, mais je suis plus que ma souffrance. Ensuite, la foi nous dit que ces souffrances ne sont pas perdues. Elles sont connues par Dieu. Enfin, les souffrances sont mystérieusement l’occasion d’un grand amour. Toute vie est digne" ajoute le recteur de Montligeon.
Dans l’Ecclésiaste, et le poème de Qohélet, on apprend que tous les biens matériels, toutes nos relations humaines, tous les plaisirs terrestres ne peuvent pas suffire à combler le cœur de l’homme. "Ce qui vient combler le cœur de l’homme, c’est cette relation à Dieu. Qohélet relativise la vie sur terre. Tout vient de la poussière, et tout reviendra à la poussière. C’est Dieu qui vient donner le sens de tout ce qui est donné à l’homme. Tout est reçu de Dieu. La clé, elle est là : tout recevoir comme un don" explique le père Denizot.
Avec l’histoire du roi Saul, c’est tout l’inverse. "Il se ferme progressivement à Dieu. Et pourtant il a été choisi. Il est le premier roi d’Israël. Il est porté à la royauté par l’acclamation populaire. Il va être un géant, un guerrier. Il est beau. Et en même temps il va être un personnage dramatique, qui va désobéir à Yahvé, il est angoissé. Et il est capable d’une extrême cruauté qui n’est pas sans rappeler celle d’Hérode" analyse le père Denizot.
Saul, c’est le désespoir de celui qui s’enferme loin de Dieu. "C’est notre histoire. On nous montre le suicide comme un aveuglement, un enfermement. L’Ecclésiaste fait le pendant en nous disant qu’on reçoit tout de Dieu. Cela change le regard sur la vie. La vie est plus grande que ma souffrance. Dieu ne se retire jamais. La grâce nous est toujours offerte, mais Dieu ne nous force pas. Il respecte trop la liberté de l’homme" conclut-il.
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