"Votre joie, personne ne vous l’enlèvera"
Méditation de l'évangile (Jn 16, 20-23a) par le père Arnaud Alibert
Chant final: "Jésus, ma joie" par la communauté de Taizé
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Amen, amen, je vous le dis :
vous allez pleurer et vous lamenter,
tandis que le monde se réjouira ;
vous serez dans la peine,
mais votre peine se changera en joie.
La femme qui enfante est dans la peine
parce que son heure est arrivée.
Mais, quand l’enfant est né,
elle ne se souvient plus de sa souffrance,
tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde.
Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine,
mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ;
et votre joie, personne ne vous l’enlèvera.
En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »
Source : AELF
Un terme technique venant du monde antique s'immisce parfois dans nos paroles lorsque, un peu agacés par des positions trop tranchées, nous traitons nos interlocuteurs de manichéens, faisant ainsi référence à une secte bien connue de saint Augustin - puisqu'il en a été un adepte. Cette secte pensait rendre le monde plus compréhensible en disposant qu’il était aux prises avec deux principes opposés, le bien et le mal.
Dès lors, tout n'était que lutte, combat, avec en toile de fond la reddition sans condition, d’un des deux principes. Saint Augustin s’y opposera car, pour lui, Dieu est infiniment supérieur à son contraire et la grâce infiniment plus forte que le péché. Mais il n’en demeure pas moins qu’opposer les choses semble bien naturel à l'homme.
L'évangéliste Jean serait-il pris dans un tel mouvement d'opposition lui qui met face à face les disciples et le monde, les pleurs et les réjouissances, la peine et la joie ou encore les douleurs de l'accouchement et l'émerveillement de la naissance ? Mais y a-t-il réellement opposition entre ces termes ? Ne serait-il pas plus juste d’imaginer ces oppositions comme un clavier de piano, qui alterne les touches blanches et les touches noires ? On passe des unes aux autres non par un choix radical mais par la montée d'un demi-ton comme une grâce reçue ou bien la perte comme une occasion manquée.
Laissons-notre vie jouer toute la mélodie de l’Evangile. Alors, nous verrons que les grâces de Dieu ne nous manquent pas et ne cessent jamais de nous tirer vers le haut. Ce qu'il nous faut c'est tout simplement, si j'ose dire, croire qu'elles sont déjà là, qu'elles nous attendent au carrefour de nos existences, à chacun de nos gestes comme en chacune de nos paroles.
Suivons le conseil final de l'évangile de ce jour : "Ne nous posons pas des questions." Soyons des êtres de foi, des témoins calmes et inébranlables. Laissons à d'autres de s'épuiser dans des querelles. Nous croyons vraiment que les vannes du ciel sont ouvertes pour que se répande sur le monde jusque dans le cœur des hommes ce qui est bon pour leur vie, ce qui est nécessaire pour la marche en avant de l'humanité.
Réjouissons-nous-en. Bonne journée.
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