"Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes"
Méditation de l'évangile (Mc 7, 1-13) par le Père Sébastien Antoni
Chant final : "Ola Gjeilo" par Uni caritas
En ce temps-là,
les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem,
se réunissent auprès de Jésus,
et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas
avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
– Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs,
se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger,
par attachement à la tradition des anciens ;
et au retour du marché,
ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau,
et ils sont attachés encore par tradition
à beaucoup d’autres pratiques :
lavage de coupes, de carafes et de plats.
Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus :
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ?
Ils prennent leurs repas avec des mains impures. »
Jésus leur répondit :
« Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites,
ainsi qu’il est écrit :
Ce peuple m’honore des lèvres,
mais son cœur est loin de moi.
C’est en vain qu’ils me rendent un culte ;
les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.
Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu,
pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Il leur disait encore :
« Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu
pour établir votre tradition.
En effet, Moïse a dit :
Honore ton père et ta mère.
Et encore :
Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort.
Mais vous, vous dites :
Supposons qu’un homme déclare
à son père ou à sa mère :
“Les ressources qui m’auraient permis de t’aider
sont korbane, c’est-à-dire don réservé à Dieu”,
alors vous ne l’autorisez plus à faire quoi que ce soit
pour son père ou sa mère ;
vous annulez ainsi la parole de Dieu
par la tradition que vous transmettez.
Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »
Source : AELF
L'Évangile d'aujourd'hui nous confronte à ces paroles lapidaires de Jésus qui devraient véritablement constituer un examen de conscience, non seulement pour chacun de nous, mais aussi pour nos communautés et nos expériences ecclésiales. Il arrive souvent que toute notre foi se résume simplement à la somme de nombreuses traditions humaines, louables, belles, intéressantes, mais qui parfois manquent la cible sur ce qui compte le plus : le commandement d’amour de Dieu. À quoi servent nos traditions si nous oublions d'aimer le prochain, nous-mêmes ou même Dieu lui-même ? N'est-il pas vrai que parfois nous utilisons les parole de Jésus, ou des saints, n’en faisant qu'un prétexte pour faire justifier ce qui nous arrange ou ce que l’on ne supporte pas lorsque la miséricorde semble beaucoup trop… vous savez cette expression que l’on entend parfois « Dieu est miséricorde… et que certains corrigent avec un empressement étonnant pour écraser cet acte de foi par un … oui mais il est justice aussi ? » estimant par cette formule que la miséricorde sera ainsi contrôlée elle qui pour les gens tristes n’est que folie ? Certes Dieu est justice, mais certainement pas à la manière de distributive de nos tribunaux… c’est bien mal connaitre les Ecritures que de penser ainsi... une manière de penser dans lesquelles la logique de l'Évangile n'entre pas du tout ! Sans miséricorde, sans amour, jusqu’à la folie à la manière de Dieu, nous sommes chrétiens de manière "traditionnelle", mais pas nécessairement de manière "réelle".
Un jour, Jésus a dit dans l'Évangile que "l'arbre se reconnaît à ses fruits". Nous devrions toujours faire très attention à ne pas confondre les fruits avec les feuilles. Nous pouvons exhiber le christianisme comme un arbre exhibe ses feuilles, mais la véritable preuve que nous vivons la foi chrétienne réside dans les fruits. Le reste n’a pas beaucoup d’importance lorsque l’on est libre selon l’évangile. Un évangile qui nous libère de nos obsessions, nos peurs et nos scrupules, bref, parfois, de nos maladies psychiques. Cela entache et freine la liberté des plus petits qui confondent alors la liberté de l'Évangile avec la dureté de l'institution. Quel drame, mais gare à ceux qui en ont conscience et qui manipulent les plus faibles de cette façon, les tenant par la peur pour exercer sur eux un empire, une domination. Gare… oui, gare !
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