En 2050, on sera 9,8 milliards d'humains, soit 30% de plus qu'aujourd'hui où la population mondiale s'élève à 7,55 milliards. Des chiffres publiés par l'ONU le 21 juin 2017 et qui font réfléchir. Notre planète a-t-elle les moyens de nourrir tous ces humains ? Ou plutôt les humains ne vivent-ils pas au-dessus de leurs moyens, comme le défend le pape François. Dans son numéro de juillet dernier, la revue Projet explore la question de la fécondité avec un dossier spécial : "Fécondité : un enjeu pour la planète ?".
7,6 milliards d'humains qui consomment et aspirent à consommer toujours plus: est-ce bien raisonnable? Quand on sait qu'en huit mois on a puisé ce que notre terre peut nous offrir en une année, c'est le fameux 'jour du dépassement' conceptualisé par le think tank Global Footprint Network, qui cette année est tombé le 2 août 2017. Un jour pour prendre conscience que 'l'humanité dépasse les limites de ce qui lui est donné', comme le dit Jean Merckaert. L'idée de 'limite' est très présente dans les propos du pape, qui entend responsabiliser les fidèles et les interpeller sur leur mode de vie. 'Si on voulait que toute l'humanité vive comme les Français, il faudrait au maximum 2 milliards d'être humains', explique Jean Merckaert.
Dans la Bible, Dieu dit à l'homme et à la femme: 'Soyez féconds et multipliez-vous' (Gn 1, 28). Comment comprendre cette injonction? Si l'encyclique du pape François Laudato Si' constitue un apport essentiel à la réflexion des chrétiens sur l'écologie, le texte 'évacue un peu vite la question de la démographie', pour Jean Merckaert.
'Tout est lié', dit le pape François. Et le Père Bruno Saintôt rappelle la nécessaire approche globale qu'il faut avoir si on veut bien comprendre la position de l'Église sur le sujet. 'Il faut ne faut pas mettre l'éthique sexuelle et familiale d'un côté et l'éthique sociale de l'autre.' Le constat que fait l'Église n'est pas tant celle du nombre que celle de la façon dont les biens sont distribués. 'Les questions de fécondité sont liées à des questions de justice sociale, donc de partage des ressources finies de la planète.'
Un accroissement de population plus rapide que celui des ressources: la préoccupation n’est pas nouvelle. Un certain Thomas Malthus (1766-1834) la formulait déjà au XIXè siècle. Mais le malthusianisme 'vise les populations les plus pauvres, dont il faudrait réduire la taille par des politiques de fécondité musclées', explique Hugo Lassalle. Selon le rapport de l'ONU, si la population va augmenter de 30% d'ici 2050 c'est surtout du fait de l'Inde et de certains pays d'Afrique.
Or, ce qu'il faut interroger selon l'économiste, c'est aussi et surtout nos 'modes de production'. Et, disons-le tout net, le capitalisme: 'On est dans un système qui cherche davantage à susciter des besoins plutôt qu'à y répondre.' Citons pour exemple l'obsolescence programmée des produits.
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