100 ans après la Révolution d’octobre, comment comprendre la Russie ? Les Occidentaux sont-ils victimes, d’une "fainéantise intellectuelle teintée de lâcheté, sans négliger ce voluptueux sentiment de supériorité qui leur fait juger depuis des siècles la Russie comme un ensemble de populations arriérées, rompues à la brutalité", comme l’écrit Christian Makarian ?
Il y a 100 ans, les bolcheviks prennent le pouvoir en Russie au nom des soviets. Ils renversent le gouvernement provisoire d'Alexandre Kerenski, qui avait succédé en février au tsar Nicolas II. Avec les décrets sur la paix, la terre, le contrôle ouvrier, les bolcheviks entendent ouvrir une nouvelle ère. Elle se prolongera jusqu’en... 1989, et laissera dans son sillage des millions de morts. Mais aussi d’immenses espérances : "La révolution bolchevik a une portée universelle au même titre que la Révolution française", explique Luc Mary.
Aujourd'hui, si la France et la Russie se parlent, les deux pays "ne s'entendent pas forcément" sur les valeurs ou la vision du monde, explique Olivier Tallès. Ce qui n'empêche pas la France d'être (en 2016) le premier investisseur étranger en Russie, ni la culture russe de formidablement bien s'importer. En témoignent le succès de l'exposition Chtchoukine à la Fondation Louis-Vuitton, à Paris, de l'exposition "Pierre le Grand" au Château de Versailles ou encore l'ouverture du nouveau centre spirituel et culturel orthodoxe à Paris.
Certains disent que c'est dans la culture russe de se doter d'un tyran : ce que réfute absolument Christian Makarian, co-auteur de "La Russie des tsars" (éd. Perrin / L'Express). Reste que, pour l'historien, il est assez "irréfutable" que la Russie est un empire, qu'il s'agisse de la Russie actuelle, de celle des tsars, ou de l'URSS, même si c'est une réalité politique et géographique dont "les limites" sont toujours à "définir".
Le chef actuel du Kremlin est de toute évidence soucieux de "s'inscrire dans une lignée", selon l'historien. Il a aussi la préoccupation propre aux dirigeants de ce pays de maintenir l'ordre et la cohésion, sur un territoire de "11.000 km de long", comme le rappelle Bernard Lecomte, et qui n'a pas de frontière naturelle. L'histoire de la Russie est ponctuée de troubles suffisamment violents pour avoir menacé l'existence même du pays. D'où l'obsession de l'ordre.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !