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Préserver la biodiversité: "C'est jusqu'au modèle économique qu'il faut interroger"

RCF, le 16 juin 2017 - Modifié le 9 décembre 2024

On ne connaît que 10% des espèces vivantes sur terre. Mais si des mesures pour préserver la biodiversité ne sont pas prises, il sera trop tard pour les étudier. Et préserver le vivant.

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La préservation de la biodiversité est un enjeu politique qu'il serait dommage de laisser aux seuls passionnés de nature. Mais il souffre "d'un handicap", selon Inès Trépant. C'est qu'on le croit "réservé aux amoureux des petites fleurs et des petits oiseaux". Or, il y a de moins d'espèces, au sein de ces espèces la population diminue. Et surtout on s'aperçoit que la nature, on la connaît mal.
 

On ne connaît que 10% des espèces

 

la biodiversité, du bébé phoque au "tissu du vivant"

Longtemps, on ne s'est focalisé que sur le sort des baleines ou des bébés phoques. C'était oublier que l'essentiel de la matière vivante sur notre planète, ce sont des petites choses. "Depuis 4 milliards d'années, la vie existe sur notre planète à travers des entités qui vivent moins d'un an et qui pèse moins d'un gramme", nous dit Bernard Chevassus-au-Louis, auteur de "Voir la vie autrement" (éd. De l'Aube). Son association Humanité et Biodiversité, anciennement "Ligue Roc", se mobilise contre tous les acteurs qui participent à la destruction de la nature et de l'environnement.

Comment protéger les 90% de la biodiversité que l'on ne connaît pas? "Au milieu du XXè siècle on considérait que le catalogue de toutes les espèces vivantes était en grande partie réalisé", nous dit le biologiste. Aujourd'hui, avec notamment la découverte de la vie des les profondeurs abyssales des océans, on sait que l'on n'en connaît que 10%. Depuis "Printemps silencieux" (1962) de Rachel Carson, la pensée écologiste n'a cessé d'évoluer. Jusqu'à prendre en compte aujourd'hui non plus des espèces les plus remarquables comme le tigre ou la baleine, mais "le tissu du vivant". Qui comprend l'homme.
 

"C'est jusqu'au modèle économique qu'il faut interroger"

 

préserver le vivant, Une question politique

"Année après année, le bilan est le même: ça se dégrade. Il faut arrêter de pleurnicher, il faut agir!" Inès Trépant travaille au Parlement européen. Les rapports sur la dégradation de la biodiversité, elle en voit passer. Dans son ouvrage "Biodiversité, quand les politiques européennes menacent le vivant" (éd. Yves Michel), elle dénonce notamment la méconnaissance des politiques sur le sujet. "Quand le monde politique s'occupe de la biodiversité c'est de façon désincarnée", dit-elle. Inès Trépant en appelle à une "révolution culturelle".

 



 

"C'est une course de vitesse qui est engagée entre la dégradation accélérée des ressources d'un côté, et notre capacité à inventer des solutions de l'autre", écrit en préface Olivier De Schutter. Un texte précieux, où le juriste spécialiste des droits de l'homme parle de "commodification de la nature". Et en terme de solutions, pour Inès Trépant, "c'est jusqu'au modèle économique qu'il faut interroger".
 

Olivier De Schutter | "Les impacts de la commodification de la nature"
"Nous avons domestiqué [la nature] afin d'en faire une source de profit. Nous la transformons à cette fin. Nous lui dictons nos conditions. Nous la traitons non pas en fonction d'une logique de reproduction, mais en fonction d'une logique de croissance quantitative, dite productiviste, mais qui signifie à terme, très littéralement, que le sol se dérobera sous nos pieds.
> Lire l'intégralité du texte

 

agir à l'ère de L'anthropocène

Nous vivons à l'ère de l'anthropocène. S'il existe désormais une ère géologique qui porte le nom d'une espèce - l'homme - ce n'est hélas pas pour lui rendre les honneurs. C'est bien pour signifier que l'espèce humaine est désormais en mesure de détruire la planète. Déchets nucléaires, pollution chimique des sols... Nous avons le pouvoir de détruire le vivant.

Nous avons aussi le pouvoir de le préserver. "Il y a 40 ans il restait trois espèces de poisson en aval de la Seine à Paris aujourd'hui il y en a 35", nous dit Bernard Chevassus-au-Louis. On sait mettre en place des mesures de protection de nos littoraux ou de nos milieux aquatiques. À quand des chercheurs pour étudier toutes ces espèces sur lesquelles on n'a pas de données, comme les micro-organismes du sol?

 

 

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