Sans Dieu il y aurait moins de guerres: que penser de ce raccourci qui consiste à associer religion et violence? Un préjugé un peu trop rapide que le P. François Euvé, rédacteur en chef de la revue Études, vient contredire efficacement. Dans "Au nom de la religion? Barbarie ou fraternité" (éd. L'Atelier), il rappelle que "le christianisme nous pousse vers l'avant" et nous "délivre d'un passé idéalisé". Car c'est précisément là, dans un passé fantasmé, où les extrémistes vont chercher leur fondamentaux.
L'assassinat du Père Hamel, le 26 juillet 2016, a conduit à un certain paradoxe. D'un côté il y a eut les paroles apaisantes des évêques catholiques, des instances musulmanes ont, de leur côté, proposé aux fidèles de se rendre à la messe dominicale. Et au nom de la religion donc, s'est opéré un rapprochement entre chrétiens et musulmans.
Paradoxalement, cet événement dramatique, mais aussi les attentats de 2015 ou encore l'attaque de Nice en juillet 2016, ont laissé dans l'opinion publique une image négative des religions, qui seraient source de violence.
D'emblée, François Euvé l'affirme: non les religions ne sont pas violentes. La violence exercée au nom de la religion est doit se lire dans un contexte de mondialisation - et de bouleversements majeurs de nos société, dûs au développement des nouvelles technologies ou des changements sur le plan des mœurs - dans ce contexte donc, certains veulent retrouver ce qui les différencie des autres. Et prônent un retour à un passé fantasmé pour y retrouver "des fondamentaux". C'est ce qu'illustre le salafisme, dont l'origine du mot, "salaf" signifie "ancêtres".
On assiste donc à une montée des fondamentalismes: "Disons de ces courants très fortement identitaires dans un contexte de mondialisation", précise le P. Euvé. Et plus généralement à des attitudes de fermeture, mais dont toutes ne conduisent pas à la violence.
N'oublions pas que le phénomène extrêmiste est plus visible que les apports bénéfiques de la religion. François Euvé cite tout de même certains philosophes du politique, comme Jürgen Habermas ou Jean-Marc Ferry, pour qui la prise au sérieux de la dimension religieuse de l'existence permet de redonner une dynamique à la société. "Non seulement le religieux n'est pas associé à la violence, mais il peut apporter des éléments positifs au développement de la société."
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