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Alain Privat: "l'embryon humain n'est pas un jouet"
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Alain Privat: "l'embryon humain n'est pas un jouet"

RCF, le 23 octobre 2018  -  Modifié le 1 février 2024
Un mois après la publication des conclusions du CCNE sur la révision des lois de bioéthique, Stéphanie Gallet reçoit un neurobiologiste, proche de la Fondation Lejeune.
Fanny Cohen-Moreau RCF Fanny Cohen-Moreau RCF

Une certaine vision de la médecine

Il y a un mois, l’extension de la PMA occupait le terrain sur le champ médiatique. Aujourd’hui, le sujet continue de poser question, de susciter le débat, parfois houleux. D’autres sujets faisaient partie des conclusions rendues par le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), comme celui de l’embryon. Pourtant, ce dernier n’a pas fait la une des journaux, malgré le fait que le CCNE propose d’ouvrir largement la recherche sur ledit embryon.

Pour Alain Privat, â€‹neurobiologiste, ancien directeur d’unité à l’Inserm, et proche de la Fondation Lejeune la PMA n’est autre que l’arbre qui cache la forêt de la recherche sur l’embryon. "C’est aussi un élément de toute une philosophie sur ce que doit être la médecine aujourd’hui. La PMA c’est la procréation médicalement assistée. La recherche sur l’embryon, c’est une recherche médicale qui doit être dirigée vers le soin d’un patient, et pas simplement vers le fait de se faire plaisir" explique le neurobiologiste.
 

Recherche sur l'embryon : gare aux dérives

Aujourd’hui, en matière de recherche sur l’embryon, les choses sont relativement bien encadrées par la loi actuelle de bioéthique. "La recherche sur des embryons surnuméraires ne peut pas dépasser sept jours après la fécondation. Cela correspond à une recherche raisonnable sur des causes possibles d’anomalies génétiques. Tout dépassement de cette période conduit à donner aux chercheurs des possibilités de faire des manipulations sur l’embryon. On arrive à l’enfant sur mesure, grand, blond, avec de beaux muscles et avec un beau cerveau. C’est une dérive à laquelle il faut être attentif" ajoute Alain Privat.

Il y a recherche sur embryon, et recherche sur les cellules embryonnaires. "Plutôt que cellules embryonnaires, je dirai recherche sur cellules souches. La cellule souche est une cellule embryonnaire qui a plusieurs caractéristiques. La première est de se multiplier indéfiniment. Elle peut aussi être poussée vers n’importe quel type cellulaire. Ces cellules peuvent aider à la recherche sur des maladies. Mais il faut savoir que depuis une dizaine d’années, on dispose d’un outil très intéressant qui sont les cellules IPS" lance le neurobiologiste.
 

Des expériences réalisables sur le rat, le singe, le lapin

"Sur les cellules souches embryonnaires, on a la possibilité dans le cadre de la loi actuelle de réaliser un certain nombre de recherches à condition que le projet soit déposé et accepté par les instances gouvernementales. C’est un encadrement de bon aloi car il ne bride pas la capacité des chercheurs, mais il prévient la possibilité de faire n’importe quoi" précise encore Alain Privat.

Le CCNE veut aujourd’hui aller plus loin dans ce domaine. "Il est dit que les recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines pourraient être conduites d’une façon presque ouverte sans contrôle réel. Ce qui donne la possibilité de construire à partir d’une cellule souche non seulement un paquet de cellules mais également un organe, voire un embryon. On peut l’expérimenter sur le rat, sur le singe, sur le lapin. Mais le fait de toucher à ces cellules humaines pour reconstituer un embryon est impensable" prévient le neurobiologiste.

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