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Briser le mur du silence
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Briser le mur du silence

RCF,  -  Modifié le 31 janvier 2018
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Je souhaitais aujourd’hui saluer la naissance de l’ONG internationale : Ending Clerical Abuse (ECA). Ce sont plusieurs associations de victimes d'abus sexuels sur mineurs, dont la française « La parole libérée », qui viennent de se regrouper. Elles créent ainsi un réseau mondial de lutte contre les abus sexuels sur mineurs dans l’Eglise. La peur du « qu’en dira-t-on », la peur de nuire à la réputation de nos organisations ont longtemps érigé un mur du silence qui n’est pas encore détruit. La création de ce réseau est donc salutaire.
 
Il y a la question de la vigilance, comment empêcher le passage à l’acte. Mais malheureusement, il faut parfois aussi gérer l’après. Comment se tenir du côté des victimes. 
 
Nous avons reçu, il y a quelques mois, une lettre, un témoignage poignant. Je ne connais ni le nom ni l’adresse de cet homme mais je crois que s’il nous a écrit, c’est que, d’une façon ou d’une autre, il attendait une réponse. Cette lettre commence ainsi : « Notre fils vient de faire une tentative de suicide. Marié, deux enfants, il ne pouvait plus supporter le poids du passé. Nous ne savions pas ce qu’il s’était passé il y a 28 ans. Il était alors pionnier dans un groupe scout. » 

L’auteur nous explique qu’au retour d’un camp, ils avaient bien senti « qu’il s’était passé quelque chose » mais les questions aboutissent à un « rien de grave ». « Mais nous, les parents, avions un doute, et nous avons fait en sorte que le chef soit remplacé, sans vague. Notre fils a continué chez les pionniers avec un chef formidable, qui les a menés de sommets en déserts, vers des aventures et des projets. Nous ne nous doutions de rien jusqu’à ce jour funeste. Le fardeau était trop lourd à porter. Nous étions à cent lieues de ce qu’il allait nous révéler ». Je ne vais pas tout vous lire mais il y a encore cette phrase : « Le principal fautif est décédé. Nous ne savons pas s’il en a détruit d’autres. L’omerta de cette époque ».
 
Cher monsieur, dire ces mots, avec vous, c'est leur reconnaître une réalité, une vérité. Je vous remercie de cette lettre : elle est une main tendue pour que nous puissions venir jusqu'à vous. Elle renforce encore notre détermination.
 
J’espère que votre fils va mieux, qu’il est accompagné. Que toute votre famille est accompagnée, car l’une des bombes à retardement des abus sexuels sur mineurs, c’est qu'ils détruisent les liens de confiance, ils détruisent les familles.
 
J’espère que cette lecture de votre lettre permettra de libérer d’autres paroles, qui que soient les agresseurs. Votre témoignage montre à quel point les histoires se ressemblent. Une parole comme la vôtre peut donner du courage à des victimes brisées et enfermées dans leur silence. A plusieurs, il devient possible de s'épauler les uns les autres face aux injustices. Votre parole, c'est aussi le meilleur moyen d'empêcher la société de retomber dans son effroyable négligence du passé. 

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