C’est l’époque des calendriers ! L’époque où les groupes se financent en faisant un appel aux dons en échange d’un beau calendrier. N’hésitez pas à les soutenir, vraiment, merci du fond du cœur.
Par curiosité, j’ai feuilleté d’anciens calendriers. J’ai lu notamment cette petite interview d’un pionnier : « J’ai 15 ans et j’en avais assez d’entendre parler de la pollution par des tas de gens qui ne font jamais rien. Alors avec les copains, nous avons décidé d’un projet « sauver la nature ». Cet été, nous réaliserons un chantier d’aménagement dans les Cévennes. » Génial, n’est-ce pas ? Oui, mais c’est dans le calendrier 1974 ! Ce pionnier, aujourd’hui, il arrive à la retraite !
En 1974, René Dumont était le premier candidat écologiste à une présidentielle et un pionnier disait vouloir lutter contre la pollution. En 2018, 44 ans après, le GIEC explique que, parce que nous n’avons à peu près rien fait, nous aurons énormément de mal à limiter le réchauffement global à deux degrés et que ce sera de toute façon catastrophique.
Quand on y pense, cette inaction, c’est vertigineux. Nos survivants auront bien raison de nous en vouloir. Regardons un instant les Scouts et Guides de France : depuis 2004, l’un des quatre piliers de notre projet éducatif s’appelle « Habiter Autrement La Planète » et on en est encore à voter des textes pour se dire que ce serait bien qu’on arrête de manger n’importe quoi en camp !
Et pourtant, vous avez envie de continuer à crier qu’il est encore temps.
Il est déjà trop tard pour que rien de grave n’arrive mais il n’est quand même pas trop tard pour agir. Oui, il est encore temps. Bien sûr, il faut participer aux marches pour le climat, multiplier les petits pas individuels, bien sûr. Mais cela ne résoudra rien si on ne participe pas au changement radical de système et ça, ça ne passe pas par des gestes individuels. Ça ne sert à rien de faire des grandes opérations de nettoyage si on ne lutte pas aussi contre la prolifération plastique. Il faut aller moins loin, moins vite, moins souvent. Ce qui rend heureux, ce n’est pas le devoir d’achat, c’est l’environnement naturel et humain. Lutter pour le climat, c’est retrouver notre humanité.
Les responsables politiques sont à l’image des électeurs, nous avons les élus que nous méritons. Et malheureusement, aujourd’hui, les électeurs ne veulent pas qu’on touche à la voiture, qu’on multiplie par 10 le prix des billets d’avion, ou qu’on interdise la climatisation. Ils veulent manger des tomates ou des avocats toute l’année. Les politiques savent hélas qu’ils ne seraient jamais élus avec un programme pareil.
Mais si ça changeait ? Sommes-nous capables par exemple de faire fonctionner des organisations comme les Scouts et Guides de France sans utiliser l’avion ? Hier, au nom de la gravité de la crise, un tribunal des Pays-Bas a imposé à son gouvernement de réduire les émissions de CO2 du pays de 25 % en 2020 au lieu des 17 % prévus. C’est une procédure en cours également en Norvège, en Nouvelle-Zélande et en Ouganda. Et agir, ça commence, ce week-end, par se joindre aux marches mondiales pour le climat. Il est encore temps.
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