« J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que le comportement de mon père n’était pas normal et qu’il avait un problème… Il a fallu que je devienne adulte pour oser me souvenir de tous ces moments et regarder la vérité ». Tous ces moments dont parle Florence dans la revue Ombres et Lumière, ce sont des crises que son père, atteint de troubles psychiques sévères, vivait malgré lui, et dont elle était douloureusement témoin. « Parfois – se souvient-elle – j’avais l’impression d’être plus adulte que mes parents eux-mêmes ». Elle en garde un sentiment d’insécurité qui l’habite encore.
Ce que dit Florence rejoint ce que vivent souvent les enfants d’un père ou d’une mère malade ou handicapé.
Ils découvrent progressivement que Papa, Maman, est différent. Parfois, il souffre, et c’est douloureux de voir son père ou sa mère souffrir.
Selon le handicap du parent, l’enfant aura à s’ajuster plus ou moins facilement à sa fragilité: il peut être sourd ou aveugle ; il peut être en fauteuil roulant, ou handicapé mental ; ou encore avoir une maladie psychique, dépression, schizophrénie... Chaque handicap posera des difficultés différentes pour les enfants.
Mais tous disent porter des responsabilités précoces, jusqu’à être mis parfois dans la position de parent de leur père ou de leur mère.
Et puis ils ne se sentent pas le droit de parler de leur souffrance. On leur demande souvent comment va leur parent ? Pas comment ils vont, eux !
Parfois, ils n’osent pas quitter la maison à l’âge adulte ; ils auraient le sentiment d’abandonner leur parent handicapé ou son conjoint. Difficile dans ce contexte de vivre une vie amoureuse, de bâtir un projet familial, professionnel.
Mais ce n'est pas une vie malheureuse, ils vivent aussi de belles choses, et ils aiment leur parent handicapé. Mais l’amour qu’ils lui portent est encombré de tous ces sentiments et ces non-dits. Ils faut qu’ils puissent en parler.
C’est précisément ce qui a aidé Florence à progresser : « Une amie m’a invitée à la journée de l’OCH pour les enfants de personne malade ou handicapée. Cela m’a ouvert les yeux et réconfortée… J’ai compris qu’il y avait des choses à dépoussiérer pour que j’aille mieux ». Elle a depuis lors appris à être à l’écoute d’elle-même et à prendre soin d’elle.
Elle a pu nouer une relation plus paisible avec son père malade : « On peut se voir de manière plus plaisante, on se comprend un peu mieux » - dit-elle avant de conclure « Ca m’aurait fait du bien si j’avais pu en parler plus jeune »
Plus jeune ! C’est pour cela que l’OCH organise une journée dédiée à des enfants entre 8 et 15 ans, qui grandissent avec leur mère ou leur père malade ou handicapé. Ca aura lieu le samedi 18 janvier prochain.
Un moment privilégié pour mettre des mots sur ce qu’ils vivent, trouver une juste place, celle de leur âge, désencombrer leur amour pour leur parent, et surtout s’autoriser à être heureux !
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