Si notre engagement est constant, les résultats demeurent insuffisants pour faire craquer ce « crabe » qu’est la misère, enfermant trop de nos concitoyens.
A l’examen de l’impact social de nos opérations, il est hors de question de se décourager et plus encore d’abandonner, observant combien les plus vulnérables luttent pour ne point sombrer. Leur espoir nourrit notre espérance.
Je voudrais vous partager quelques rencontres habitées par l’apprivoisement, pour reprendre la belle expression du Petit Prince. Qu’est-ce qu’apprivoiser, un temps de bienveillance éloignant des préjugés qui empêchent de faire du neuf.
Deux Abbayes bénédictines nous ouvrent leur porte pour faciliter un projet d’accueil de personnes en souffrance.
Au cours de l’année, il y eut de nombreux moments d’émerveillement, nés de l’audace si bien exprimée dans le film « Hors normes » où l’utopie réaliste résiste aux carcans qui sifflent la fin de partie pour rester sur les rails du convenu.
Si des personnes « déraillent » ne serait-ce pas parce que les aiguillages n’ont pas toujours fonctionné. Il faut alors trouver d’autres voies qui souvent sont de traverse ; elles seules permettent avec plus de temps de progresser.
Pour tirer de la misère ceux qu’elle engloutit, il faut avoir un cœur de mère, une attention situant la relation dans un accompagnement personnalisé. Près de 5 000 personnes au sein d’Habitat et Humanisme l’assurent. Sans eux rien ne serait possible ; qu’ils en soient vivement remerciés.
Je pense à ce politique qui, informé d’un programme novateur, prit le temps de le visiter. Il s’est entendu dire : « ce n’est pas dans les clous ». Certes, mais les accueillis, souligne-t-il, ne sont pas dans la rue !
Alexandre Soljénitsyne dans son discours visionnaire à l’université de Harvard en 1978 dit que, face aux épreuves du siècle qui menacent, jamais les béquilles juridiques ne suffiront à maintenir les gens debout.
La carapace de l’individu viendrait-elle à se lézarder, observant moins de patience au regard de situations insupportables. Ne se balbutierait-il pas ce passage où l’homme préfabriqué devient une personne, naissant à une relation nouvelle et bienveillante ; l’autre, enfin reconnu.
Magnifique, alors cette heure d’enfantement, éloge de la fragilité qui, ô surprise, donne l’audace de quitter l’espace clos que fabrique notre vision des choses.
Sur les écrans en cette fin d’année, La vie cachée de Terence Malik met en lumière la liberté intérieure de cet homme refusant de faire allégeance au nazisme ; d’aucuns l’invitent à signer pour garder la vie, Il refuse pour ne point pactiser avec le mal. Ses mains sont entravées, son cœur est libre.
Cette liberté, pour la construire ensemble, bâtit une amitié fraternelle ; elle sera bien présente dans la veillée de Noël.
En communion.
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