« En une heure, j’avais profité de la solidarité de quatre personnes. Si, ça existe ! ». L’homme qui parle ainsi s’appelle Paul. Il souffre d’une maladie invalidante évolutive. Désormais, il ne peut plus se passer de son fauteuil roulant dès qu’il sort de chez lui. Et ce jour-là, il devait impérativement remplir le frigidaire. Direction le supermarché, à quelques minutes en voiture.
« C’est long un supermarché – dit-il en riant- surtout quand ils prennent l’initiative de tout changer… Il faut faire tous les rayons pour la boite de sardine ou le kilo de sucre » . Ses deux sacs pleins accrochés au fauteuil, il s’approche des caisses… Pas le temps d’aller à celle qui est réservée aux personnes prioritaires, une femme le hèle, s’efface, et le fait passer devant elle avec un grand sourire. Quelques échanges d’amabilités, et Paul se dirige alors vers sa voiture. Au moment de charger, c’est le conducteur de la voiture voisine qui s’approche, le salue, et charge les sacs. Là encore, avec quelques mots souriants.
Paul arrive chez lui, ouvre son coffre au moment où passe une voisine en vélo… qui s’arrête, lui propose son aide, et sans attendre la réponse, empoigne un des deux sacs, un autre voisin arrivant sur le fait, empoigne alors le deuxième… Longue conversation à trois avant de se séparer. Paul remercie et s’entend répondre par la voisine enjouée : « quand on a de bons voisins, il faut faire en sorte qu’ils restent ». Et c’est comme ça que Paul arrive à son compte de quatre personnes solidaires en une heure de temps.
On peut sourire de cette belle histoire… presque naïve. Sans doute parle-t-elle du tempérament empreint de gratitude de Paul qui semble avoir un certain talent pour susciter l’entraide. Mais que peut-on en tirer d’autre ?
Elle parle aussi, j’en suis souvent témoin, d’une certaine capacité dans notre société à nous laisser déplacer par les personnes fragiles pour poser des gestes concrets de fraternité qui nous tirent vers plus d’humanité. Vous l’avez dit Stéphanie, à juste titre nous nous désolons parfois de cet individualisme qui nous isole les uns des autres, voire qui nous oppose. Eh bien, cette petite histoire de Paul est un message d’espérance qui prend tout son sens en cette période d’Avent dans lequel nous sommes entrés hier.
Parce que cette montée vers Noël, c’est se préparer à un événement inouï, et décisif pour l’humanité : en Jésus, Dieu fait homme parmi les hommes fait de nous des frères. Et la fraternité, ce n’est pas qu’une idée, c’est du concret, - «j’avais faim et vous m’avez donné à manger… » nous dit Jésus- et ça se joue partout, même au supermarché !
Alors bon Avent plein de fraternité à tous et à toutes !
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