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Le retable de l'agneau mystique
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Le retable de l'agneau mystique

Un article rédigé par Philippe Royer-Gaspard - RCF,  -  Modifié le 18 février 2020
C'est l’année Van Eyck, dans la ville de Gand, en Belgique flamande, dont la cathédrale possède l’un des plus retables les plus célèbres au monde, celui de l’Agneau mystique …

C’est pour fêter la fin de la seconde campagne de restauration du retable que Gand a décidé de mettre Van Eyck à l’honneur tout au long de cette année. Les frères Van Eyck, Jan et Hubert, même si Jan est le véritable auteur des 24 panneaux qu’il a continué à peindre après le décès d’Hubert, en 1426, et qu’il a achevé en 1432.

En fait, Jan Van Eyck a passé le plus clair de son temps pas très loin de Gand, à Bruges, où il est mort. Mais L’Agneau mystique reste son chef d’œuvre, devant lequel défilent des visiteurs venus du monde entier. Son nom reste donc associé à Gand.  

La restauration du retable a connu de multiples rebondissements …

C’est le moins qu’on puisse dire. Elle a commencé en 2012, par les revers, c'est-à-dire les panneaux que l’on voit lorsque le retable est fermé.  Au départ, il s’agissait d’enlever les vernis altérés par le temps, de consolider sa structure, et de restaurer des zones où la peinture s’était soulevée.

Un travail classique, une restauration modeste, qui devait durer cinq ans.
Or, en enlevant le vernis, les restaurateurs se sont rapidement aperçu que le retable avait été surpeint, c'est-à-dire qu’un ou des artistes avaient peint par-dessus l’œuvre de Van Eyck, et cela sur près de 70% de la surface totale des panneaux, comme l’ont validé des sondages à travers les couches de peinture et de vernis.

L’œuvre était tellement connue, que personne n’avait imaginé une chose pareille.

Les panneaux ont en fait été surpeints dans les années 1550, pour leur redonner un nouvel éclat. Pas parce que le goût avait changé, mais parce que l’eucharistie était alors au cœur d’affrontements théologiques entre protestants et catholiques. N’oublions pas que Gand était sur la ligne de partage entre les deux. Or, le sujet même du retable, c’est l’adoration et le  sacrifice de l’agneau, dont le sang coule directement … dans un calice. La symbolique méritait bien un petit rafraichissement pictural.
 

La décision de se débarrasser de tous les surpeints est unique …  

Oui, parce que la norme aujourd’hui est d’empêcher qu’une œuvre se dégrade, mais jamais de la reprendre. Encore moins de gommer son histoire. La chance du retable, si l’on peut dire, c’est que les repeints étaient superficiels et partaient très facilement.

Il a fallu tout de même porter l’affaire devant une commission internationale, qui a finalement donné son feu vert, et s’assurer du soutien financier du gouvernement flamand. 
Les panneaux inférieurs de l’intérieur du retable ont ainsi retrouvé leur état d’origine. Avec des compositions d’une finesse merveilleuse, et un travail autour de la lumière, celle qui baigne les objets et les personnages, mais aussi celle qui s’y reflète, qui signe le génie de Jan Van Eyck.

Il ne reste plus qu’à s’attaquer à la restauration des panneaux intérieurs supérieurs. Ce sera chose faite d’ici 2025. En attendant, n’hésitez pas à faire un saut à Gand, où vous attend aussi une magnifique expo Van Eyck, au musée des Beaux-Arts de la ville, et ce jusqu’au 30 avril.
 

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