Mais hélas, ce n’est pas toujours synonyme de partir en vacances. 40% des Français et Françaises ne partent pas en vacances, en particulier trois millions d’enfants. C’est pourtant une vraie nécessité. Partir en vacances, c’est reposer son corps et son esprit, retrouver un équilibre physique et psychique, mais c’est aussi créer une histoire, des souvenirs, tisser des liens, se cultiver. Dans le cadre du processus éducatif d’un enfant, on voit bien à quel point il a besoin de découverte, de rompre le quotidien pour nourrir sa curiosité, développer de nouvelles relations.
Selon l’observatoire des inégalités, 86% des cadres supérieurs vont en vacances contre 47% d’ouvriers. Plus embêtant encore, les inégalités se creusent : 50% des enfants des familles les plus modestes ne partent pas en vacances alors qu’ils n’étaient « que » 40% en 2004. La façon de passer ses vacances est un marqueur social. Avant les congés payés, les familles les plus aisées allaient passer leurs vacances à la plage au soleil. Quand ce loisir est devenu accessible, les classes les plus aisées ont alors inventé de nouvelles formes de vacances : partir à la montagne, à l’étranger.
Et quand les vacances à l’étranger sont devenues abordables avec les vols charters, alors on a développé les voyages toujours plus loin, toujours plus exotiques. On ne part pas parce qu’on n’a pas les moyens financiers, parce qu’on a des blocages intellectuels, parce qu’on est seul… Dans la course aux vacances toujours plus marchandes, toujours plus chères, toujours plus lointaines, toujours moins durables, il y a des perdants, et ces perdants, ce sont à la fois les Français les moins riches, mais également les habitants des pays du Sud qui subissent de plein fouet les conséquences des changements climatiques provoqués par nos consommations.
Non, bien sûr. Et d’ailleurs, on se rend bien compte que les organisateurs de colonies de vacances qui sont entrés dans la course à la marchandisation, qui ont voulu faire du haut de gamme, ne se portent pas bien aujourd’hui. Chaque année, il y a de moins en moins de départs en colonies de vacances. Cela s’explique par de multiples raisons mais notamment par le fait de n’être plus que des opérateurs de séjours touristiques pour enfants, en oubliant la dimension sociale. Le scoutisme au contraire, est actuellement en pleine forme justement parce que depuis 100 ans, nous construisons nos camps dans les forêts, parce que nous ne sommes jamais entrés dans cette spirale de la consommation.
Les barrières sociales et culturelles tombent quand on vit en collectif dans la nature. Apprendre à s’organiser pour aller chercher le bois pour le feu, remplir les jerricans d’eau, resserrer les brelages (les nœuds qui tiennent nos tables), c’est développer diverses formes d’intelligences. Le simple fait de vivre dans la nature, de préparer le repas ensemble, est un acte éducatif fondamental.
Il y a trois millions d’enfants qui ne partent pas en vacances tous les ans. Ce chiffre devrait empêcher les scouts et guides de dormir. La vocation première du scoutisme, c’est de permettre aux enfants des quartiers pauvres de pouvoir profiter des vacances et de grandir avec tous les autres. Si l’essentiel de notre énergie n’est pas tourné vers l’accueil des jeunes opprimés, alors nous ne répondons pas à l’appel de Baden-Powell.
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