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Migrants: en Grèce, "les camps sont en réalité des bidonvilles" explique le père Maurice Joyeux
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Migrants: en Grèce, "les camps sont en réalité des bidonvilles" explique le père Maurice Joyeux

RCF,  -  Modifié le 28 janvier 2020
Dix ans après le début d’une crise économique et sociale profonde, et cinq ans après le début d’une vague migratoire sans précédent, où en est la Grèce aujourd’hui ?
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"Une vocation au coeur de l'Europe"

Depuis le mois de juillet dernier, c’est la droite qui est aux commandes en Grèce, après la défaite de Siriza, le parti d’Alexis Tsipras. Un véritable changement de braquet pour ce pays bringuebalé de crise économique en crise migratoire depuis une dizaine d’années. Mercredi dernier, les députés grecs élisaient pour la première fois une femme à la présidence de la République. Un contexte qui redonne de l’espoir à la population, malgré des difficultés toujours bien présentes.

"Il y a une espérance dans le pays. Il y a de la fatigue à cause du fait qu’il reste encore à peu près 70.000 réfugiés bloqués. Je sens un peuple qui se sent une vocation au cœur de l’Europe" explique Maurice Joyeux, jésuite, installé en Grèce comme aumônier des chrétiens francophones, investi dans l’accueil des migrants avec le JRS. Ce dernier ajoute cependant que la crise économique et sociale est loin d’être terminée.
 

Face à la crise economique, "les familles sont solidaires"

"Elle touche socialement les familles. Cela se traduit par le fait que les familles sont atteintes et doivent être solidaires. Les salaires sont bas, les retraites n’en parlons pas. Et il y a un exode important. Les jeunes sont partis. Mais c’est un départ diasporique, et non pas à jamais. Il y a le souci de revenir un jour pour aider le pays. Une situation difficile, de souffrance, mais avec la conscience d’atouts" analyse le père Maurice Joyeux.

2019 aura été une importante année électorale pour les Grecs. Ces derniers ont voté pour les élections européennes, puis pour les élections législatives. La droite a fini par remplacer Siriza à la tête du pouvoir. "La coalition Siriza n’avait pas la solidité qu’elle paraissait avoir au départ. Il faut ajouter le fait qu’elle ait été sous la contrainte de Bruxelles et des exigences économiques européennes. C’est très bien qu’il y ait un changement politique. Il y a eu rapidement un engouement autour de la figure de la nouvelle présidente. Elle a un pouvoir symbolique, mais les symboles en Grèce sont importants" lance-t-il.
 

"Nos valeurs ne sont pas en danger, elles sont éprouvées"

Concernant la crise migratoire, le père Maurice Joyeux explique que de nombreux Grecs, pas tous, ont choisi la solidarité. "Il y a de la fatigue, il y a du racisme, du nationalisme, mais les Grecs ont une forme de sagesse et d’attitude fondamentale, se rappelant qu’eux-mêmes ont vécu des exodes extraordinaires et graves. Il y a une sensibilité qui est là, mais il faut l’accompagner. L’Europe les accompagne. L’ONU a fait des efforts énormes. Mais les camps ont été construits de façon très dispersée. Ces hotspots qui paraissent clean vus de loin, sont des bidonvilles en fait. A Lesbos, 1.500 places au maximum, 13.000 personnes en réalité" lance-t-il.

En Grèce, explique-t-il, "il y a des choses très belles pour nous réveiller en tant qu’Européens, et faire société, et en même temps des choses dramatiques, car on se dit que l’on n’est pas au niveau". Concernant la peur d’une perte des valeurs et de la culture européenne, face à l’arrivée de tant de migrants étrangers, le père Maurice Joyeux affirme que "nos valeurs ne sont pas en danger, elles sont éprouvées. Interrogeons-nous sur ce qui nous fait vivre, quelles sont nos ressources, qu’est ce que nous cherchons, qu’avons-nous envie de transmettre à nos enfants ?"

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