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Migrations: "je sentais qu’il fallait me battre toute seule" explique Irène Josiane Ngouhada
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Migrations: "je sentais qu’il fallait me battre toute seule" explique Irène Josiane Ngouhada

RCF,  -  Modifié le 20 novembre 2019
Partie du Cameroun pour rejoindre l'Europe, Irène Josiane Ngouhada a vécu ce que de nombreux hommes et femmes vivent, pour tenter de construire une vie meilleure et digne.
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"Je rêvais d'une vie meilleure"

Irène Josiane Ngouhada est titulaire d’un master de gestion de projets internationaux de solidarité à l’Iris, coordinatrice de la prise en charge des mineurs étrangers isolés chez Visage d’espoir, et auteure de "Je suis partie pour vivre" (éd. Tallandier) avec la journaliste Anne-Bénédicte Hoffner. Cette Camerounaise qui a rencontré bien des épreuves, traversé bien des périls, avant d’arriver jusqu’à nous. Son histoire, c’est celle de milliers de femmes africaines qui rêvent de venir en Europe pour retrouver la dignité.

"Je rêvais d’une vie meilleure. De construire ma vie. Je sentais qu’il fallait me battre toute seule. La vie en Europe, on ne la voit qu’à travers la télé. On a le sentiment que tout est rose là-bas, mais sur place la réalité est différente" explique-t-elle, précisant qu’elle n’avait également pas idée des épreuves qu’elle traverserait pour se rendre en Europe. "Dans tous les cas je serai partie, mais si j’avais su, peut-être pas par là" ajoute-t-elle.
 

"Nous sommes des êtres humains"

Durant son périple, elle traverse le Nigeria, puis le Niger avant de rallier l’Algérie. Une route sur laquelle les femmes sont particulièrement maltraitées. "Elles sont prises comme des objets sexuels. On les transforme en prostituées. Beaucoup s’alignent sur cela. Moi je ne l’ai pas fait, même si j’ai subi du harcèlement sexuel. Et je n’ai pas été violentée" lance-t-elle. En arrivant en Algérie, Irène Josiane Ngouhada est épuisée, et sans argent.

Arrivée à Oran, elle intègre la communauté des migrants sub-sahariens. "C’est une réalité qui me dépasse. Pour moi, normalement, les compatriotes s’entraident. Seulement, les plus anciens veulent avoir la main sur les jeunes et les nouveaux" décrit-elle, expliquant qu’en migration, les hommes et les femmes perdent toute valeur. "Ce n’est pas parce que j’ai besoin d’argent que je vais vendre ma sœur. Nous sommes des êtres humains".
 

"Je me sens de plus en plus utile"

Heureusement, Irène Josiane Ngouhada ne croise pas que des personnes mauvaises. A Oran, elle fait la rencontre du père Thierry Becker, appelé sur place "le père des migrants". "L’Église à Oran est un repère pour des migrants. Je rentre en contact avec lui, il prend mon numéro de téléphone. Deux semaines après, il m’appelle et là tout change, avec un travail à la paroisse. Je pouvais sortir, je n’avais pas beaucoup d’argent mais je pouvais aller à la rencontre du monde" lance-t-elle.

Malgré cela, la Camerounaise décide un jour de quitter l’Algérie pour la France. "Il fallait que je parte. Je n’avais pas de résidence. Je voulais construire ma vie. La France était bien. Comme j’avais des diplômes, je pouvais m’inscrire dans des formations de master. Aujourd’hui je me sens à ma place. Je me sens de plus en plus utile" clame Irène Josiane Ngouhada.

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