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"Sorry we missed you" - Ken Loach
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"Sorry we missed you" - Ken Loach

RCF,  -  Modifié le 25 octobre 2019
Cette semaine on s'intéresse au film "Sorry we missed you" de Ken Loach qui, a 83 ans, continue de s'émouvoir de la situation des classes ouvrières en Grande-Bretagne

Le nouveau film de Ken Loach : "Sorry we missed you"

Ken Loach est le porte-drapeau du cinéma social anglais depuis les années 70 et il s’exprime beaucoup dans ses interviews sur la situation politique de son pays, dans laquelle il est engagé puisqu’il a réalisé le film de campagne électorale du candidat travailliste Jeremy Corbyn en 2016.

Mais c’est avant tout un très grand cinéaste ! Dans sa longue carrière, il a reçu deux Palmes d’or à Cannes, pour « Moi Daniel Blake » et « Le Vent se lève », un Prix d’honneur à Venise et à Berlin, et quatre fois le Prix du Jury œcuménique ! Il sait raconter des histoires, qui sont à la fois terriblement réalistes et magnifiquement crédibles.

Ici, c’est celle de Ricky et Abby, et de leurs deux enfants, Seb, un ado un peu rebelle, et Liza Jane, plus jeune, vive et très gaie. Le père a travaillé sur les chantiers et a fait un peu tous les métiers, et on lui propose de devenir son propre patron en étant chauffeur-livreur pour une société de transport express. Abby, elle, travaille à domicile pour les personnes âgées, dont elle s’occupe avec beaucoup d’empathie, mais elle est payée à la visite, elle a du mal à boucler ses journées et elle culpabilise de rentrer tard !

Un système très dur pour ces travailleurs indépendants

Le prix à payer est lourd, d’autant plus lourd quand la technologie s’en mêle. Les livreurs sont pistés en permanence par l’informatique, avec une pression sur les délais énorme, peu de solidarité entre eux et ils prennent tous les risques à leur charge, y compris leurs jours de congés qui leur sont facturés !

Mais Ken Loach s’attache surtout à explorer les conséquences de cette nouvelle économie sur la vie de famille. Et dans le film, cette famille solide et unie, avec des parents qui veulent juste le meilleur pour leurs enfants, va peu à peu être ébranlée en profondeur.

La Méthode Ken Loach

Ses personnages sont toujours très travaillés et assez complexes, comme la vie finalement ! Il passe beaucoup de temps en casting, à trouver les bonnes personnes pour les incarner, qui sont donc nouvelles et inconnues à chaque fois.
Il tourne ensuite dans l’ordre chronologique de l’histoire mais sans dévoiler le scénario aux acteurs, et il réussit comme ça à préserver une part de surprise dans les situations. 
Il tourne aussi exclusivement en lumière naturelle et à hauteur d’homme, avec très peu d’effet de caméras ou de montage ; ce qui nous engage, nous spectateurs, à être une sorte de témoin embarqué.

Il signe en tous cas ici la même charge anti-libérale qu’en 2008, avec « It’s a Free world ». Et il clot cette rentrée cinématographique, où après « Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach et « Au nom de la Terre » d’Edouard Bergeon, le thème d’actualité de la souffrance au travail et ses répercussions pour les familles aura été largement traitée.

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