En 2011 Terrence Malick recevait la Palme d’Or pour THE TREE OF LIFE, une consécration pour ce cinéaste rare, qui n’avait à l’époque tourné que cinq films en presque 35 ans.
Il s’est rattrapé depuis, avec quatre films en sept ans, mais qui ont pour les derniers un peu désorienté son public.
On est donc heureux de le retrouver ici au meilleur de son art, avec un retour à l’Histoire avec un grand H, un retour à la Terre aussi, celle des paysans qui la travaillent à la main et à la charrue. Et surtout un retour à ce qui fait le cœur de son cinéma, qui est la recherche par l’image, de l’Invisible et de la Grâce.
« Une Vie Cachée », c’est une histoire vraie, celle de Franz Jägerstätter, un jeune paysan et père de famille autrichien, qui a refusé en 1943 de se battre pour Hitler au nom d’une petite voix intérieure qui lui faisait dire : « Je ne peux pas faire ce que je crois être mal ». Et il ira jusqu’au bout de cette conviction profonde, soutenu par sa foi et par l’amour de sa femme.
On peut le voir effectivement comme un beau film historique doublé d’une sublime histoire d’amour. Mais Terrence Malick c’est avant tout un grand cinéaste spiritualiste. Il vient au départ de la philosophie, comme Bruno Dumont, qu’ils ont tous les deux enseignée d’ailleurs. Et depuis sa thèse à Harvard en 1965, Malick explore la question de la transcendance.
Il en a même fait sa marque de fabrique filmique, qu’on peut reconnaitre dès les premières séquences :
- des voix-off qui nous disent les pensées de ses personnages
- des larges mouvements de caméras, très fluides, qui illustrent le bonheur familial et le sentiment amoureux
- des plans en contreplongée sur les visages, qui élèvent vers les âmes,
- alternés avec de magnifiques plans sur la nature, dans laquelle l’Homme cherche des réponses à ses questions. Dans des ciels orageux, des cascades d’eau vive ou des champs de blé ondoyants, qui sont autant de thèmes visuels récurrents chez Malick.
Le film nous renvoie à la question si complexe du bien et du mal et à celle de notre liberté : « Jusqu’où peut-on engager sa vie et celle de son entourage, au nom de sa conscience ? »
Le choix de Franz Jägerstätter est loin de toute idéologie, pacifiste ou antimilitariste. Mais il l’entraine sur un chemin long et difficile, celui du combat intérieur.
Et pour cet acte de foi unique, aux conséquences infinies, qu’il va poser, Jägerstätter a été béatifié en octobre 2007 par Benoit XVI. Et on peut espérer que sa femme Fani le soit aussi, pour les mêmes raisons. Car c’est bien d’Amour avec un grand A qu’il s’agit ici.
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