Lisieux. À première vue, une ville comme une autre, avec ses oisifs, ses promeneurs, sa jeunesse. "Ceux qui sont là aujourd'hui ont-ils encore conscience de ce qui s'est passé?" Dans les rues de Lisieux, Philippe Le Guillou se questionne, médite, observe. Le temps d'une journée il a "scrupuleusement" suivi les lignes bleues tracées dans la ville, pour un pèlerinage sur les lieux thérésiens - Les Buissonets, la basilique, le carmel - qu'il raconte dans "La sainte au sablier" (éd. Salvator). Son ouvrage est l'hommage d'un romancier à "une destinée magnifique". C'est aussi une méditation qu'il propose, sur cet "acquiescement à la miséricorde" qui caractérise la vie de sainte Thérèse.
Ce n'est ni en théologien ni en historien mais en romancier, que Philippe Le Guillou s'empare de la destinée de Thérèse. Lui qui "croit beaucoup à la nécessité de traverser les espaces et les villes", nous conduit avec son guide, à redécouvrir sainte Thérèse de Lisieux au long des lieux qu'elle a fréquentés.
Thérèse Martin, c'est cette jeune fille entrée au carmel à l'âge de 15 ans, morte à 24 ans de la tuberculose après neuf années de vie religieuse marquée par l'épreuve d'une nuit de la foi. Elle est devenue par ses écrits et sa destinée l'une des saintes les plus vénérées dans le monde.
Chez Thérèse, on trouve avec Philippe Le Guillou une figure du don total, brûlant de mener une vie de prière et de méditation, "et en même temps jeune fille extrêmement incarnée". La sainte a laissé de "très belles pages", insiste le romancier, sur la nature notamment. À quoi elle renonce "pour servir ses soeurs, prier, entrer en correspondance avec des séminaristes, affronter le terrible calvaire de la maladie et la nuit de la foi". "Le romancier indépendamment du chrétien ne pouvait qu'être fasciné par une destinée absolument magnifique, exceptionnelle."
Philippe Le Guillou éloigne de sainte Thérèse toute image fleurie, mièvre, qui encombre souvent sa spiritualité. Si naïveté il y a chez elle, c'est au sens premier du terme: quelque chose de "natif", "c'est-à-dire un jaillissement du cœur, de la foi, de cette confiance qui s'assombrit, qui flirte avecles lisières du gouffre". Dans ce qui qui étonne et fascine chez Thérèse, le choix d'une vie de renoncement et de souffrance, le romancier - ou le croyant - voit "un acquiescement à la miséricorde".
Haut-fonctionnaire de l'Éducation nationale, Philippe Le Guillou est romancier et essayiste, il a écrit une cinquantaine d'ouvrages, dont "Les sept noms du peintre" (1997 - prix Médicis), "Le bateau Brume" (2010) ou "L’intimité de la rivière" (2011) aux éditions Gallimard.
- émission diffusée le 8 mars 2017 -
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