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Mobilités rurales: et si, au lieu de courir après les villes, on marchait?

Un article rédigé par Ludovic Bu - RCF, le 2 mars 2020 - Modifié le 6 mars 2024

D'où nous vient cette idée que nos modes de déplacement doivent toujours être les plus rapides, les plus efficaces? En matière de mobilité, le modèle urbain n'est pas forcément le meilleur.

Axel Holen / UnsplashAxel Holen / Unsplash

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30% des Français vivent en zone rurale, 7% d'entre eux n'ont pas de voiture. En zone rurale, on a le sentiment que sans voiture, il est impossible de se déplacer. Et c'est effectivement souvent un incontournable. Dans ce cas, premier impératif : porter une attention particulière au véhicule. Quel intérêt de rouler seul dans un bolide cinq places pesant plus d’une tonne, pouvant atteindre 186 km/h et coûtant plus de 25.000 euros à l’achat en moyenne ?

Il ne faut pas oublier que la France dispose du deuxième réseau ferré européen. Avec près de 3.000 gares et haltes ferroviaires, 90% de la population réside à moins de 10 km d’une gare. Justement, 10 km, c'est une distance parfaite pour un vélo à assistance électrique ! Ça tombe bien. D’autant que le mouvement est enclenché : il s’est vendu 255.000 exemplaires de ces vélos en 2017 – soit 10 fois plus que de voitures électriques.

Ceci étant, pour certains déplacements, le train n’est pas la solution idéale. Pas assez souple, n’allant pas partout, pas toujours aux bons horaires. En zones rurales, faire ses courses, aller chez son médecin ou chez le coiffeur oblige souvent à faire de la distance. Mais décide t-on toujours à la dernière minute de ces déplacements ? Non, bien entendu. Ils répondent à une routine ou à des rendez-vous planifiés à l'avance.

On peut alors imaginer des bourses aux déplacements entre adultes consentants, comme je l'ai vu faire dans des villages des Crêtes Préardennaises, un magnifique espace vallonné et très peu peuplé. Pas besoin d'app et de sites web coûteux pour connecter des habitants chez qui l'internet mobile est parfois absent. Non, un simple tableau à l'entrée de chaque mairie de village suffit. Chacun vient y inscrire ses offres ou besoins de trajets et roule ma poule. 

C'est grâce à ces exemples que le triptyque : 'Moins se déplacer, mieux planifier, plus partager ses trajets' prend tout son sens.

Enfin, on évoque régulièrement les disparités territoriales contre lesquelles il faudrait lutter. Mais… pourquoi ? Et si, plutôt que de vouloir déployer des solutions techniques et de l'intermodalité dans des zones peu couvertes par la 4G et les réseaux de transports terrestres, on acceptait les avantages de la campagne, lenteur, déconnexion, plutôt que de rêver à être comme en ville, que tous les urbains cherchent à fuir dès que possible, grâce à des week-ends dispendieux en avions polluants. 

Et si, plutôt que de courir après des chimères, on valorisait le fait que, oui, à la campagne, on se déplace moins, donc on se fatigue moins. Que oui, à la campagne, il n'y a pas forcément de smartphones ultra connectés et que cela permet de se reconnecter à soi et à la nature qui nous entoure ?

Et si, sans aller jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, on acceptait que la marche est un outil de déplacement. Oui, ça prend plus de temps. Mais justement. 

 

 

 

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