La justice donne raison aux associations. Dans une décision rendue lundi, le Conseil d’Etat a rejeté les appels du ministère de l’Intérieur ainsi que ceux de la ville de Calais contre une ordonnance du tribunal administratif de Lille qui les obligeait notamment à la création de points d’eau pour les migrants.
"Il faut être très réservé sur ce type de situation. Nous souhaiterions que la victoire se fasse autrement par la concertation, l’intelligence et la volonté d’aller vers celui qui souffre plutôt que d’être dans ce combat devant la justice pour que le droit puisse s’appliquer" estime Didier Dégremont qui hésite à parler de victoire pour les associations humanitaires qui oeuvrent à Calais et dans le Calaisis.
Cela dit, pour le président du Secours catholique du Pas de Calais, "cette décision du Conseil d’Etat est importante puisqu’elle confirme l’ordonnance du juge des référés de Lille qui enjoignait l’Etat de mettre en place des points d’eau, des douches et des sanitaires. Il était peu subtil de la part de l’Etat d’aller en recours contre ce type de décision". Le Conseil d’Etat rappelle ainsi l’obligation pour l’Etat de venir en aide aux plus faibles.
Le Conseil d’Etat souligne que des traitements inhumains et dégradants ont lieu tous les jours à Calais envers les migrants. Des pratiques inhumaines constatées par Didier Dégremont. "Il faut avoir une lecture très éclairée de la situation. Cette décision est la reconnaissance d’existence de réalités du terrain. Ce n’est pas une vue de l’esprit de dire que des migrants subissent la violence d’une municipalité et de l’Etat" ajoute-t-il.
Avec cette décision, le président du Secours catholique du Pas de Calais espère par ailleurs que la politique gouvernementale envers les migrants pourra évoluer. "La politique doit changer. Il est évident que les mesures qui ont été avancées par le ministère de l’Intérieur voire par le président de la République ne font pas l’unanimité. Nous avons toujours voulu apporter notre expertise au plus haut niveau. Souvent elle est rejetée, mais reprise après sous d’autres formes. Il est évident qu’il faut aujourd’hui un plan qui aille bien au-delà de nos frontières" analyse Didier Dégremont.
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