Le président de la République convoque ses ambassadeurs au palais de l’Elysée. L’occasion de préciser sa vision de la politique étrangère de la France.
Sur la scène internationale, les premiers pas d’Emmanuel Macron ont été plutôt remarqués. Aujourd’hui il va délivrer leur feuille de route à ses ambassadeurs. "Il s’est revendiqué lui-même au cours de la campagne comme issu du gaullo-mitterandisme, recherchant une rupture avec François Hollande. C’est ce qu’il a incarné en recevant Poutine, Trump, avec lesquels il a de très fortes différences. On peut dire qu’il y avait une très forte attente au niveau international. Il reste maintenant à transformer l’essai et à établir un cadre général" explique Pascal Boniface, géopolitologue, directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques.
Pour autant, ce n’est pas un retour à la realpolitik, pour Pascal Boniface. "Hollande et Sarkozy s’inscrivaient dans cette ligne de la realpolitik. Mais il n’y a pas forcément une rupture totale avec Sarkozy et Hollande. Les diplomaties d’un pays sont comme des grands tankers pour lesquels il est impossible de faire un demi-tour rapide" ajoute ce spécialiste des relations internationales.
On observe cela dit certains retournements de situation. Pour la Syrie par exemple, le départ de Bachar el-Assad ne semble plus être une condition préalable à la résolution du conflit. "C’est une très nette inflexion. On peut dire que c’est une forme de realpolitik. Assad est au pouvoir, c’est très gênant, mais c’est une réalité. Et si on veut avancer sur le dossier syrien, il faut faire avec. Cela ne veut pas dire conforter Assad ni le soutenir mais cela veut dire qu’il faut bien parler avec lui pour parvenir à une solution" précise Pascal Boniface.
On parle avec nos ennemis, on reçoit nos alliés, même gênants, comme Donald Trump. "Il y a eu beaucoup de calinothérapie durant la réception du couple Trump. Mais le message était le suivant : non la France n’est pas anti-américaine. Ce n’est pas Donald Trump qui était invité, mais le président des Etats-Unis avec lequel il faudra normalement faire pendant les trois années à venir. Avec Poutine, la réception était également grandiose, mais elle s’est accompagnée de mots très durs, très peu diplomatiques. C’est l’incarnation même du gaullo-mitterandisme" confirme le géopolitologue.
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