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Ralentir pour être libres
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Ralentir pour être libres

Un article rédigé par François Mandil - RCF,  -  Modifié le 31 janvier 2020
Ralentir n'a que des vertus: cela permet de faire des économies, d'avoir le temps d'admirer la nature, de rencontrer les autres, de ne plus être prisonniers d'un monde qui va trop vite.
https://pixabay.com/fr/users/dekaamitdey-9330277/ https://pixabay.com/fr/users/dekaamitdey-9330277/

Imaginez un instant qu’on cesse tout déplacement à une vitesse supérieure à 80 km/h. Bien sûr, cela ferait des économies d’énergie folles, bien sûr on ne pourrait plus prendre l’avion, on ne serait plus en réunion le matin à Rennes et l’après-midi à Berlin, on n’irait plus à Barcelone s’entasser pour un week-end avec des milliers d’autres vacanciers. Par contre, on pourrait regarder les chevreuils qui ne fuient pas quand le train passe à travers la Bourgogne, on pourrait rencontrer et discuter avec d’autres personnes que des douaniers ou des agents de tourisme, on pourrait prendre du temps pour soi.
Cette idée tout sauf farfelue, elle a été proposée par Ivan Illich dans « Energie et équité » en 1973, ouvrage réjouissant et stimulant qui montre que notre rapport aux transports motorisés nous asservit plus qu’il ne nous libère.
 

Se réjouir de pouvoir se passer de l'avion plutôt qu'avoir honte de le prendre 

50 ans après, cela se vérifie toujours, puisque la question finalement, c’est bien celle de la vitesse, de notre lien au temps. Vous avez entendu parler par exemple du « Flygskam », la honte de prendre l’avion. Ce mouvement prend doucement de l’ampleur en Europe et, bonne nouvelle, la croissance du trafic aérien est d’ailleurs moins forte que prévue.
Mais je pense qu’il ne faut pas avoir honte de prendre l’avion, il faut se réjouir de pouvoir s’en passer, il faut s’en libérer comme un toxicomane qui se libère de sa dépendance ! Nous sommes prisonniers d’un mode de vie qui va trop vite. Nous voulons – entre guillemets – « faire » un maximum de destinations touristiques pour le raconter sur les réseaux sociaux, nous voulons consommer, accumuler de la destination plutôt que du voyage, nous considérons qu’il est indispensable pour notre boulot d’être présent en réunion partout, tout le temps. Nous partons d’un aéroport standardisé au milieu de magasins de luxe et quelques heures après, nous sommes dans un même aéroport avec les mêmes magasins. On fait des milliers de kilomètres comme on change de salle, sans sas, sans se préparer, sans voir changer la terre entre les deux, sans être lié à la terre. Nous oublions que le déplacement compte tout autant que le point d’arrivée.

Vivre avec le vent, sentir la mer, admirer la voûte étoilée 

L’aller-retour en voilier de Greta Thunberg à travers l’Atlantique n’était pas uniquement une opération de com militante, mais aussi un mode de vie. Pendant les 3 semaines de traversée, elle a eu le temps de vivre avec le vent, de sentir la mer, d’admirer la voute étoilée et de méditer sous elle, elle a relié les deux rives. Elle a aussi montré que c’était possible. Il existe depuis longtemps des sites internet qui mettent en relation des gens qui ont des voiliers et des gens qui cherchent à embarquer. Depuis peu, le nombre de personnes qui cherchent à embarquer pour voyager et vivre autrement explose. C’est une bonne nouvelle même si ce n’est encore qu’une goutte d’eau. Peut-être que cette façon de voyager va bientôt devenir courante.
 
Pour cela, il faut avoir le temps, et c’est sans doute l’un des grands absents du débat sur les retraites : le temps libre, la gestion du temps tout au long de la vie. Mais on s’en reparle la prochaine fois ?

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