Dans ce contexte, les Armées payent un fort tribut pour assurer la sécurité des Français, sur le sol national. On estime aujourd’hui à 10.000 le nombre de soldats déployés dans l’Hexagone, dont 3.000 en réserve, dans le cadre de l’opération Sentinelle. Une opération qui a évolué au fil du temps, depuis sa mise en place.
"Naturellement. Notre métier est de nous adapter en permanence aux menaces. Lorsqu’en 2015, le président de la République a décidé de déployer des soldats sur la voie publique, c’était pour opposer au continuum de la menace un continuum de la réponse. Il s’agissait de mettre en œuvre sur le territoire national, au sol, sur mer et dans les airs, la réponse adaptée. On a déployé de façon très rapide 10.000 hommes sur le territoire national en prenant en compte que le dispositif allait durer, et qu’il fallait l’entretenir" explique le général Pierre Chavancy, ancien Gouverneur Militaire de Lyon.
"Dès le départ, on a pris en compte cette hypothèse. Notre métier est de prévoir le pire et il était évident qu’il fallait non seulement répondre à une nouvelle menace et en même temps être capable de durer de façon à ne pas se faire surprendre. Nous sommes en guerre depuis 2015. Le président de la République lui-même l’a dit. Il s’agissait pour les Armées de mettre en place en complément aux forces de sécurité intérieure, nos capacités propres, de rajouter des capacités complémentaires. En 2015, il s’agissait de manière brutale de protéger un certain nombre de sites sensibles. Et depuis, le dispositif s’est adapté. Après cette phase de déploiement rapide, il s’agissait de dynamiser le dispositif de façon à ce que la protection évolue au gré des mouvements de population" ajoute le général Chavancy.
"Bien sûr. Les aspects matériels de cette menace faiblissent à l’extérieur comme à l’intérieur. La réponse sécuritaire produit ses effets. Maintenant cela ne veut pas dire que plus rien ne se passera. Il ne s’agit pas de baisser la garde mais de s’adapter face à une menace qui va aussi chercher à s’adapter. Mais c’est un aspect secondaire. La menace en elle-même c’est une idéologie barbare qui fait de la destruction son arme absolue. Face à cette barbarie, nos fusils ne suffisent pas. La guerre d’aujourd’hui est une guerre d’influence. Et ce sont nos cerveaux, notre volonté de voir personne nous imposer un style de vie, qui seront les vrais outils sur le champ de bataille de l’immatériel" lance l’ancien Gouverneur Militaire de Lyon.
"Oui c’est exactement cela. Il y a deux aspects de notre mission. Nous arrivons avec nos capacités spécifiques, avec la claire conscience que derrière nous il n’y a plus personne. Cela nous oblige. Nous sommes en contact permanent à tous les niveaux, au niveau parisien, aux niveaux zonaux, avec le préfet, ses services, pour faire en sorte que la chaîne de commandement militaire reste en lien avec les services de l’Etat" analyse encore le général Chavancy.
"Bien sûr que les soldats sont des cibles. Même s’ils ne l’étaient pas, ce ne serait pas une bonne nouvelle. Je préfère faire peur que faire sourire et faire pitié. Mais ce n’est pas nouveau. Quand on met un coup de pied dans un nid de frelons, il est logique que les frelons réagissent. Nous sommes en guerre. Dans ce cadre-là, il y a des risques. Des risques mesurés, intelligents, mais des risques quand même" rappelle le général Chavancy.
"Êtes-vous prêt à renoncer à votre assurance-vie ? Tant qu’elle ne sert pas, on paye entre guillemets pour rien. […] L’opération Sentinelle n’est pas venue se substituer à ce qui se passe à l’extérieur. Elle est venue s’ajouter. Notre vigilance est de s’assurer de l’équilibre des curseurs qui permette à des soldats de rester de bons soldats, avec une vie de famille équilibrée" explique-t-il.
"Cette question est politique. Je ne me risquerai pas à y répondre. Ce que je sais, c’est que les Armées sont prêtes à durer"conclut l’ancien Gouverneur Militaire de Lyon.
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