Sophie Ansel: "Aung San Suu Kyi n'aurait pas dû accepter le Nobel"
Il est des silences qui font du bruit. Celui de Aung San Suu Kyi, dirigeante birmane symbolique à propos des persécutions subies par l’ethnie des Royinhas fait parler de lui depuis plusieurs semaines, jusqu'à ce que la Prix Nobel de la Paix 1991 cède à la pression de la communauté internationale en délivrant un discours que Sophie Ansel juge "décevant".
UN BAVARDAGE SANS FOND AVEC DES ÉLÉMENTS FAUX
Journaliste et documentariste passionnée par le peuple et la culture birmane, Sophie Ansel ne mâche pas ses mots: "Le discours de Aung San Suu Kyi est politiquement très correct, en anglais pour bien montrer qu'elle s'adresse à la communauté internationale, précise-t-elle. Mais c'est un bavardage sans fond avec des éléments faux." Le manque d'investissement de la dirigeante la dédouane ainsi de toute responsabilité.
"Elle se contente d’inviter la communauté internationale à aller sur place pour essayer de comprendre la communauté musulmane. Mais le gouvernement ne s'implique pas", explique Sophie Ansel.
AUNG SAN SUU KYI DÉCHUE
Comment expliquer une telle déception? Pour Sophie Ansel, les attentes de la communauté internationale étaient trop grandes: "On a fabriqué une belle égérie. Mais finalement, Aung San Suu Kyi est une femme politique avant d’être une femme des droits de l’homme. Elle veut avoir le pouvoir sur le pays, construire une démocratie, et cela au sacrifice d’une ethnie."
"Aung San Suu Kyi est une femme politique avant d’être une femme des droits de l’homme"
Son statut de Prix Nobel est déjà remis en cause dans la presse internationale. L'auteure du livre Nous, les Innommables - Un tabou birman confirme: "Elle n’aurait pas dû accepter son prix si elle n’était pas prête à défendre les valeurs qu’il porte."
LE SORT DES ROYINGHAS AUX MAINS DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Il est désormais assuré que le gouvernement n'interviendra pas dans les persécutions perpétrées par la communauté bouddhiste envers l'ethnie musulmane des Rohingyas. Pour le moment, seul le Bangladesh qui refusait d'accueillir les réfugiés Rohingyas au départ ouvre désormais ses portes.
Or, rappelle Sophie Ansel, "le Bangladesh est l'un des pays les plus pauvres au monde avec en plus, 700 000 birmans en fuite chez eux. La communauté internationale a un énorme rôle à jouer au Bangladesh et en Birmanie."
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