"Faisons le premier pas", c'est le thème de ce séjour effectué par le souverain pontife en Colombie. Dans un pays que des années de guerre civile ont meurtri, il s'agit à présent d'instaurer une paix durable. Le Pape François appelle à la réconciliation.
Le Pape François est arrivé, mercredi 6 septembre, à Bogota, en Colombie. Aux 22 000 jeunes rassemblés hier place Bolivar, il appelle à renconstruire la paix : "N’ayez pas peur de l’avenir ! Osez rêver grand ! C’est à ces grands rêves que je voudrais vous inviter aujourd’hui."
Au palais épiscopal de Bogota, il s'est adressé à la quasi-totalité des 130 évêques. Ils les a également exhortés à oeuvrer pour l'unité du pays : "Beaucoup peuvent contribuer au défi de cette nation, mais votre mission est singulière. Vous n’êtes ni techniciens ni politiciens, vous êtes des pasteurs. Le Christ est la parole de réconciliation écrite dans vos cœurs et vous avez la force de pouvoir la prononcer, non seulement en chaire, à travers les documents ecclésiaux ou à travers les articles de journaux, mais bien plus dans le cœur des personnes, dans le secret sacré de leurs consciences".
Enfin, il a prononcé une messe devant un immense parterre de fidèles, environ un million de personnes rassemblés dans le parc Simon Bolivar. Jean-Paul II y avait célébré une messe apostolique en 1986. Caroline était présente : "La plupart des employeurs ont libéré les gens pour leur permettre d'aller à la messe. Pendant celle-ci, Bogota était vide".
Quelques membres de la communauté chrétienne francophone de Bogota, hier.
Le Pape a rappelé l'importance de la fraternité. "Il a exhorté la population à faire cet effort du premier pas vers l'autre", souligne Caroline. "Les Colombiens ont reçu cette parole au plus profond d'eux-mêmes".
Nicolas, qui habite juste à côté de la nonciature où réside le Pape, a lui aussi assisté à la messe. "Un vrai message du Pape, celui que chacun doit être artisan de paix, faire son propre petit travail pour que la paix devienne commune".
Le père Camilo Bernal, ancien supérieur général des eudistes, contribue à l'organisation du voyage. Pour lui, la visite du Pape est "un encouragement à trouver un nouvel horizon". La fin de la guerre ne signifie pas fin des problèmes : le narcotrafic, la corruption sont encore des obstacles à franchir.
Le Pape invite à dépasser les ténèbres :
Mais ici aussi, comme en d’autres lieux, il y a d’épaisses ténèbres qui menacent et détruisent la vie : les ténèbres de l’injustice et de l’inégalité sociale ; les ténèbres corruptrices des intérêts d’individus ou de groupes qui consomment de manière égoïste et démesurée ce qui est destiné au bien-être de tous ; les ténèbres de l’irrespect envers la vie humaine qui fauche quotidiennement l’existence de tant d’innocents dont le sang crie vers le ciel ; les ténèbres de la soif de vengeance et de la haine qui tache de sang humain les mains de ceux qui se rendent justice eux-mêmes ; les ténèbres de ceux qui deviennent insensibles face à la souffrance de tant de victimes. - Homélie du Pape François à Bogota, 7 septembre 2017
Depuis plus de 50 ans, la Colombie subit une guerre qui a fait de nombreuses victimes. "Nous avons l'espoir d'en finir avec ce processus de division", déclare le père Camilo Bernal. La ferveur des fidèles colombiens, hier, constitue pour lui "une étonnante expression de foi", porteuse d'espérance.
Il est membre du conseil de réconciliation nationale. Il s'agit d'une instance de la fédération des évêques de Colombie pour ouvrir de nouvelles voies. L'Eglise joue en effet un rôle majeur dans la patiente construction de la paix, avec les FARC et l'Armée de libération nationale. "Le Pape a appelé les évêques à devenir de vrais pasteurs", souligne-t-il.
Le souverain pontife se rend aujourd'hui à Villavicencio pour une Grande Prière. Il visitera aussi la Croix de la Réconciliation.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !