2 papyrus du Moyen-Âge conservés au Puy-en-Velay bientôt restaurés

 

Ce sont des documents qui ont 1000 ans, 2 papyrus, dans un état critique, sont en passe d'être restaurés. Ces documents ont été rédigés par 2 Papes et adressés à l'évêché du Puy. 

Des papyrus rédigés en 999 et en 1052

 

Ces papyrus sont en réalité l'en-tête de "bulles papales". La première a été rédigée par le Pape Sylvestre II pour désigner l'évêque du Puy. A cette époque il y avait 2 candidats au ministère, l'un soutenu par le roi de l'époque et l'autre par le clergé du Puy. Ce dernier demande alors au Pape d'intervenir. Le second papyrus date lui de 1052. Il est écrit par Léon IX qui désigne un évêque et destitue celui qui avait été nommé sans son aval. 

 

Ces documents ont été mis au jour pour la première fois au XVIIe siècle par l'historien Odo de Gissey qui les a découvert dans les archives épiscopales du Puy. Ils disparaissent puis réapparaissent à la fin du XIXe siècle. Seuls le haut des "bulles" sont conservés au Puy-en-Velay. Le texte du papyrus de Sylvestre II est à Paris à la Bibliothèque nationale de France (BNF). Le second lui n'est pas localisé.

Des pièces exceptionnellement rares

 

Les papyrus conservés dans les collections de la bibliothèque du Puy sont exceptionnels, à la fois par leur contenu mais surtout par leur support. Il y a très peu de papyrus au Moyen-Âge, "et surtout il y en a très peu en France" selon Lauriane Godard, référente conservation patrimoine à la bibliothèque. A cette époque ce support n'était utilisé que par quelques villes d'Italie et Rome. "Celui de 1052 est la dernière occurrence de papyrus qu'on trouve dans le monde occidental. Après celui-ci, on n'a plus aucun papyrus qui sont parvenus jusqu'à nous". Au total il n'y a la trace que d'une trentaine de papyrus médiévaux dans tout le monde occidental. 

 

En terme de contenu sur la "bulle" de Léon IX sont inscrits des symboles de diplomatique, des signatures qui authentifient les documents. "On voit une rota, une forme de double cercle avec des lettres séparées par une croix centrale [...] Ici c'est une rota très particulière puisqu'à l'intérieur on trouve les lettres L, E, O, P donc LEO papal, le Pape Léon IX". Il y a aussi un monogramme le Bene valete (signature autographe) qui apparait une des premières fois et qui va perdurer pendant tout le Moyen-Âge. Dernier élément, le Coma qui apparait également pour la première fois.

 

Le second papyrus, de 999 est lui plus dégradé. Il ne reste plus que quelques lignes de textes écrites en minuscules Caroline, l'écriture développée sous Charlemagne et qui est utilisée jusqu'à l'apparition de l'écriture Gothique.

Une restauration nécessaire pour sauver les papyrus

 

L'état de conservation des papyrus est très dégradé. La bibliothèque a décidé de s'en occuper en urgence. Actuellement ils ne sont plus visibles par le public. Le mode de conservation du 19e, dans une boîte en bois, sur du papier épais recouvert de plastique et la lumière dégradent la matière.

 

Un chantier de plusieurs mois va être mené. Il va se décomposer en plusieurs phases. Il va falloir tout d'abord déconditionner le document, c'est à dire le décoller de son support et enlever les clous. Va venir ensuite la phase de dépoussiérage puis les fibres seront recousues et remises en place. Les documents seront après cela numérisés grâce à un dispositif infrarouge puis reconditionnés, "en pression sous verre avec une visibilité soit en recto-verso si jamais il y a des écritures au verso soit sur un aplat de carton qui permet de conserver à long terme". Cette dernière phase se fera en concertation avec la BNF pour faire correspondre le mode de conservation avec celui de l'autre partie de la "Bulle".

 

Après la restauration, les papyrus seront réintégrés dans le circuit de visite, ce qui permettra, selon Lauriane Godard "une approche de l'histoire de l'écrit avec des documents qui sont vraiment emblématiques". La numérisation permettra aussi de faire ressortir les écritures et les détails invisibles à l'œil nu et servira aussi pour la recherche.