Mardi 14 janvier, la filière ovine s’est mobilisée autour de ses Ovinpiades près de Vire dans le Calvados. Le concours, destiné aux jeunes bergers âgés de 16 à 24 ans, est un coup de projecteur sur la profession à l’heure du renouvellement des générations.
Dans un peu plus d’un mois et demi, le 22 février, se tiendra le salon de l’agriculture à Paris. Paul Ouvry et Jules Pean participeront à l’événement. Les deux élèves du lycée agricole d’Yvetot (Seine-Maritime) ont remporté la finale régionale des Ovinpiades à Roullours (Calvados), mardi 14 janvier.
Ils porteront les couleurs de la Normandie avec les autres champions régionaux de France. Pour la filière, l’événement est un moyen de sensibiliser au renouvellement des générations et à la production à l’échelle nationale.
Dans le froid, mais sous un soleil éclatant, une quarantaine de jeunes issus des formations agricole de Normandie se retrouvent à la ferme d’Anthony Dumont à Roullours près de Vire.
Trie de brebis avec lecture de boucles électroniques ou manipulation et évaluation de l’état corporel de l’animal, les épreuves pratiques se mêlent à la théorie.
Cette journée a beau être placée sous le signe de la compétition, elle garde un esprit bon enfant. Léo, en terminale Bac Pro à la MFR de Tôtes en Seine-Maritime, n’en oublie pas moins de garder la rigueur comme maître-mot.
« Il faut bien faire son travail et aller le plus vite possible, notamment quand on fait du parage [NDLR : l’entretien des sabots]. Les onglons doivent être bien droits ».
Les participants se succèdent sur les différentes épreuves. Ils agissent sous les yeux avisés de juges qui ont leur feuille de barèmes de points dans une main, le chronomètre dans l’autre.
Benoit Toutain, 18 ans, a changé de casquette cette année. Le champion de France et champion du monde 2024 des jeunes bergers est passé juge.
Celui qui est originaire de l’Oise souligne les exigences de sa profession. « Éleveur est un métier complexe. Il faut que les brebis s’adaptent dans beaucoup de systèmes. Pour nous, l’important est de rester à l’écoute et d’être capable de travailler seul ».
On compte 635 éleveurs professionnels dans la région. Ce nombre est en très légère baisse de 0,6 % sur les dernières années.
Ce qui inquiète la filière est la tendance aux animaux moins nombreux dans les cheptels des nouveaux professionnels.
« On est passé d’un élevage de 300 à 600 brebis à des ateliers de 120 à 150 brebis » précise Charles Pillet, organisateur des Ovinpiades en Normandie et animateur pour l’INTERBEV, l'Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes.
Ce phénomène pourrait avoir un impact sur la souveraineté alimentaire en France, dans un contexte déjà peu satisfaisant pour le secteur. Charles Pillet le déplore, « Aujourd’hui, seulement 46 % de la viande d’agneau consommée sur le territoire est française ».
Si les jeunes répondent toujours présent, il ne faut pas pour autant que la baisse du nombre d’éleveurs s’accentue. En France, un éleveur sur deux partira à la retraite d’ici dix ans.
Madison fait partie de la jeune garde. Elle a eu le coup de foudre pour son futur métier qu’elle a découvert à l'Agri'pôle de Saint-Hilaire du Harcouët (Manche).
A 17 ans, elle est consciente d’avoir un impact sur la société. « On apporte de la viande et du lait. On peut aussi utiliser les animaux pour tondre dans les vergers pour éviter d’utiliser des tondeuses ».
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