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3 questions à Aaron Brendt, membre de l'ONG Care sur la situation sanitaire à Gaza

Un article rédigé par CG - RCF, le 3 janvier 2024 - Modifié le 3 janvier 2024

Voilà près de trois mois que les palestiniens de la Bande de Gaza vivent au rythme des bombardements israéliens. Plus de 22 180 morts selon le ministère de la Santé du Hamas, et toujours aucune perspective de cessez-le-feu. Dans le territoire, la situation humanitaire empire de jour en jour. Pour bien comprendre les conditions sanitaires dans la Bande de Gaza Aaron Brendt, membre de l'ONG Care, répond à nos questions.

Dans Gaza détruite, dur de trouver de l'eau potableDans Gaza détruite, dur de trouver de l'eau potable

Le 21 décembre dernier, le programme alimentaire mondial considérait que 93% des Gazaouis sont « en situation d’insécurité alimentaire aiguë ». Quelle est la situation 15 jours plus tard ?


Aaron Brendt: Malheureusement, la situation a empiré. Il y a des limitations sur l’aide humanitaire qui peut renter à Gaza. Avant la crise, 500 camions commerciaux par jour entraient. Maintenant entre 100 et 150 peuvent rentrer par jour. Il y a tout simplement pas assez de nourriture, ni des autres besoins primaires. Et c’est une question arithmétique, il faudrait plus de 500 camions aujourd’hui, car les besoins sont énormes. C’est n’est en plus pas qu’une question de camions. Une fois qu’ils sont rentrés dans la bande de Gaza, il faut aussi des conditions sécurisées pour que les ONG puissent se déplacer, organiser la distribution de nourriture d’abris, et aujourd’hui ces conditions n’existent pas. Il y a toujours un conflit, des bombardements, des centaines de milliers de personnes déplacées qui sont dans les rues qui cherchent un endroit où habiter, où poser leurs tentes, leurs bâches plastiques. Ce n’est pas des conditions possibles pour des distributions. Le risque est trop grand. Les Nations unies ont eu plus de 130 membres de leur personnel tués.


Les distributions sont donc presque à l’arrêt dans la bande de Gaza, qui subit donc des pénuries. Que manque-t-il le plus aujourd’hui ?


A.B: Concrètement, ce sont les médicaments pour les hôpitaux. Ce sont les abris. Comme les personnes sont déplacés, il faut des tentes, des bâches plastiques. Il faut aussi des vêtements. C’est l’hiver. Bien sûr, ce n’est pas l’hiver de France, mais il fait froid la nuit. Les gens sont exposés, mal nourris depuis 90 jours. Parfois, j’ai du mal à décrire les besoins parce qu’ils sont tous là. C’est vraiment une situation terrible. J’ai parlé à un de nos collègues à Gaza qui m’a expliqué à quel point c’était difficile d’aller chercher de l’eau juste pour lui et sa famille. Ça prend des fois toute la journée. Ce n'est parfois même pas de l’eau propre, elle est parfois un peu salée. L’eau potable est encore plus rare. C’est vraiment un combat pour une famille à Gaza de trouver de quoi boire et pour se laver.

Ces derniers jours, les organisations humanitaires ont parlé de virus qui se propagent, de problèmes respiratoires à cause de bombardement. L’accès à l’eau rend la situation encore plus précaire ? 


A.B: Je ne sais pas pour l’influence des bombardements sur le système respiratoire. Mais je sais qu’il y a près d’1,9 million de déplacés. Ils sont tous ensemble regroupé sans eau, sans possibilité de se baigner. C’est des conditions sanitaires, hygiéniques qui sont très mauvaises, un environnement où les maladies peuvent se propager rapidement. Parmi les 36 hôpitaux de Gaza avant la guerre, il n’y en a que 13 qui sont opérationnels et leurs fonctions sont minimes. Il n’y a pas de personnel, de lits, de médicaments. C’est catastrophique tout simplement. Le seul moyen pour nous de faire quelque chose, c’est que le conflit s’arrête. Même avec des couloirs humanitaires, et il y en a quelques-uns en ce moment, mais c’est trop imprévisible. Il faut un cessez-le-feu pour laisser les populations respirerez et les ONG faire leur travail. 

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