Le temps du Carême est un temps pour se laisser déranger par le Christ et manifester notre conversion du cœur par une vie plus conforme à l'Évangile. Parmi les œuvres de miséricorde recommandées par Jésus lui-même, nous trouvons l'accueil de l'étranger.
Mais comment accueillir ? Jusqu'où accueillir quand des jeunes migrants soutenus par diverses associations se mettent à occuper une salle paroissiale parce qu'ils se retrouvent à la rue ? Certains dorment dehors parce que leur internat est fermé durant les vacances scolaires. D'autres sont à la rue malgré les places libres dans les hébergements d'urgence au moins jusqu'à la fin de la trêve hivernale.
On perçoit facilement la grande précarité qui est la leur et son côté scandaleux. Laisser l'étranger à la rue, c'est laisser le Christ à la rue. Cette pensée est intolérable pour un disciple du Christ. L'Église catholique en Isère accueille autour de 300 migrants dans des familles, dans des paroisses, avec le soutien de plusieurs associations. Mais les autres ? Que faire ?
L'Église peut-elle se laisser instrumentalisée par un collectif de migrants soutenus par certaines associations qui cherchent l'épreuve de force avec les pouvoirs publics ? Et par ailleurs peut-elle à elle seule trouver des solutions pour tous ces 40 jeunes ? Notre choix a été de les laisser 15 jours en comptant sur leur parole qu'ils quitteraient les lieux au bout de ce délai. Certains réintégrant leur internat après les vacances scolaires. Pendant ce temps, nous avons pris contact avec les pouvoirs publics,
indépendamment des associations, pour ne pas avoir à cautionner une forme de combat qui nous paraît ambigu. Puis nous avons activé nos réseaux pour chercher des places d'hébergement. Nous privilégions les solutions au cas par cas.
Certes, la question que soulèvent les nombreuses migrations contemporaines demande une réflexion et une action politique, et l'Église a la mission d'alerter les consciences mais sans se faire récupérer. Elle ne peut accepter les coups de force ni ces formes de prise d'otage, même pour la bonne cause.
L'occupation de la salle paroissiale doit donc cesser mais pas le lien avec ces jeunes. Nous avons mieux touché du doigt la réalité de leur situation précaire. Dans cette affaire, rien n'est glorieux. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation. Nous nous sentons pauvres, impuissants, mais dans l'espérance et dans la persévérance.
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