Lors d'une action menée avec l'Association des Maires de France 17, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs de Charente-Maritime ont mené une action symbolique sur le parvis du Conseil départemental. Après une réunion des maires du département, les agriculteurs leur ont rendu les panneaux des communes retirés lors des dernières manifestations.
C'est une réunion peu ordinaire qu'ont connu les maires de Charente-Maritime ce jeudi 28 novembre. Après des discussions centrées sur le budget 2025, ils ont pu rencontrer un comité d'accueil composé de trois tracteurs et de plusieurs dizaines d'agriculteurs. Avec, en bonus, les panneaux de leur commune retirés pendant les mobilisations. Cet accueil était toutefois loin d'être une surprise, puisque la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs avaient organisé la mobilisation avec l'Association des Maires de France.
"L'objectif d'aujourd'hui, c'était de rencontrer tous les maires et de leur rendre leurs panneaux" explique Kevin Dumont, président des Jeunes Agriculteurs de Charente-Maritime, "et leur expliquer le mal-être qu'il y a dans le monde rural". Et le choix de cette réunion du Conseil départemental contribue également à un autre objectif : montrer "à l'Etat" que "maires et agriculteurs ne font qu'un et que le monde rural est en train de disparaître à petit feu ".
Du côté des maires, l'accueil est bon et l'échange avec les agriculteurs se passe sereinement. "Je voulais vraiment participer avec les agriculteurs, être avec eux", explique Chantal Subra, maire de Salles-sur-Mer, qui a retrouvé son panneau. "Enlever les pancartes, ce n'est pas agréable non plus", sourit l'élue, "mais ce n'est pas abîmé". "Cela part d'un bon sentiment", conclut-elle.
A ses côtés, on retrouve Anne-Laure Babault, ancienne députée de la deuxième circonscription de Charente-Maritime et conseillère municipale de Salles-sur-Mer. Pour la rapporteure de la mission gouvernementale EGAlim, l'enjeu majeur réside dans le départ à la retraite de "50% des agriculteurs d'ici cinq ans" : "il faut redonner de l'attrait [au métier d'agriculteur] et cela passera notamment par la question du revenu, mais aussi de la simplification, comme ils le demandent".
Quid de la suite du mouvement ? Pour Kevin Dumont, la mobilisation agricole devrait se poursuivre et s'intensifier : "je pense qu'on est qu'au début, la colère monte de plus en plus et l'Etat n'apporte pas forcément de réponses". Le président des Jeunes Agriculteurs évoque des actions "en préparation" à partir du lundi 2 décembre et appelle à des mesures "sur le revenu" : "on a des prix de vente de céréales, de bovins et de lait qui sont au plus bas, et clairement les agriculteurs souffrent de ce manque de revenus".
Une nouvelle ombre au tableau s'ajoute toutefois pour les agriculteurs : la perspective d'une censure du gouvernement de Michel Barnier. "On espère que cette motion ne sera pas appliquée", reconnaît Kevin Dumont, qui souligne "une instabilité politique" qui règne depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en juin. "On continuera toujours à mener les combats", assure l'agriculteur, qui concède qu'en cas de censure, le mouvement repartirait "de zéro". "Le monde agricole ne tiendra pas trois ans comme cela", conclut Kevin Dumont.
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