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RCF A La Talaudière, les détenus sont de plus en plus à l’étroit
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A La Talaudière, les détenus sont de plus en plus à l’étroit

Un article rédigé par Marion Deygas - RCF Saint-Étienne, le 6 mai 2024  -  Modifié le 7 mai 2024
L'invité de la rédaction (Saint-Etienne) La surpopulation carcérale à La Talaudière

La surpopulation carcérale bat (encore) des records en France. Au 1er avril, les prisons tricolores accueillent 77 450 détenus pour 61 570 places. Illustration d’une situation irrespirable à La Talaudière, dans la Loire. 

La maison d'arrêt La Talaudière / Google Street View. La maison d'arrêt La Talaudière / Google Street View.

Les chiffres ont été publiés lundi dernier par le ministère de la Justice. Au 1er avril, la France comptait 77 450 détenus. Les maisons d’arrêt sont particulièrement concernées, puisque là-bas, les peines ne dépassent pas 2 ans. Les détenus s’entassent et la situation devient ingérable. La prison de La Talaudière dans la Loire regroupe 368 individus, pour une capacité de 260 : l’occupation est de 140 %. “On est à deux détenus par cellule, voire trois”, explicite Stéphane Perrot, le responsable UFAP-Unsa à La Talaudière, mais contrairement à d’autres prisons, “on n’est pas trop impactés par les matelas au sol”, poursuit-il.
 

Conséquence principale de cette surpopulation : les excès de violence se multiplient en cellule. “Les prisons restent le reflet de la société, vous voyez ce qui se passe sur le territoire et en plus en milieu fermé, c’est multiplié par dix”, affirme Stéphane Perrot. Difficile de trouver de potentiels surveillants dans un climat aussi hostile. Le représentant syndicale déplore un manque de moyens au niveau sécuritaire. “On découvre sur des fouilles de cellule, pas mal d’armes artisanales”, précise-t-il. 

 

La Talaudière, dans la Loire, compte 368 individus, pour une capacité de 260.

 

1 surveillant pour 100 détenus

Le secteur pénitentiaire séduit peu. “On est en sous-effectif total”, affirme Stéphane Perrot.  Il parle d’un milieu “peu attractif” et dénonce un manque d’écoute de la part de l’administration. Le représentant syndical prédit même un mouvement de contestation, qui pourrait être déclenché par les Jeux Olympiques. “On sera moins touchés que la région parisienne, [...] mais je pense qu’on va avoir un taux d’incarcérations important”, prévoit le syndicaliste. Pour lui, il faut repenser l'entièreté de la politique pénitentiaire. “Un surveillant ne choisit pas ses vacances, un surveillant ça a un week-end sur sept de repos, ça fait les nuits” : de nombreuses contraintes qui repoussent les potentiels candidats. Pour lui, une revalorisation des salaires serait indispensable. 

“Des travaux de réflexion qui ont coûté plus cher que de refaire un établissement”

A La Talaudière, pas question d’agrandir. Stéphane Perrot se désole de “travaux de réflexion qui ont coûté plus cher que de refaire un établissement”. Le chantier en cours est consacré à la rénovation des douches et des hébergements. Au-delà d’améliorer le quotidien des détenus, ces travaux vont permettre d’apaiser des tensions fréquentes dans les sanitaires. Stéphane Perrot décrit “des douches collectives, de six personnes”. Le matin, le surveillant se charge d’organiser la rotation. “Forcément, tout le monde ne passe pas à la même heure”, explique-t-il, ce qui crée des tensions à la fois entre détenus, mais aussi avec les surveillants.  “Tous les matins, on sait quand on entre dans une prison mais on ne sait pas vraiment quand on ressort”, tranche le délégué UFAP-Unsa. 

En juillet dernier, la France a été condamnée pour inaction par la Cour européenne des droits de l’homme. Pour remédier au problème, le gouvernement envisage la création de 15 000 nouvelles places en prison d’ici 2027. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'invité de la rédaction (Saint-Etienne)

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