Inauguré vendredi 23 septembre 2022 à Lasse, près de Noyant, le projet EcoCir récupère la chaleur de l'incinérateur de déchets pour chauffer quatre hectares de serres de tomates. Objectif : pouvoir en produire toute l'année.
Faire pousser des tomates grâce à la chaleur d’une usine d’incinération : c’est le principe du projet EcoCir (pour « économie circulaire »), qui a été inauguré vendredi 23 septembre 2022 à Lasse, près de Noyant.
Ouvert en 2005 par le Syndicat intercommunal de valorisation et de recyclage énergétique des déchets (Sivert) de l’Anjou, l’incinérateur de Lasse brûle les déchets de 600 000 habitants de Maine-et-Loire et d’Indre-et-Loire.
La vapeur dégagée fait tourner une turbine qui produit de l’électricité. Avec 120 000 tonnes de déchets brûlés par an, l’incinérateur produit 60 mégawatts par an, de quoi alimenter une ville comme Saumur.
« Jusque-là, la chaleur dégagée à la sortie de la turbine était perdue, explique Jean-Luc Davy, le président du Sivert. C’est ce qu’on appelle l’énergie fatale. Maintenant, on la capte avec des hydrocondenseurs, qui récupèrent l’air chaud (à 55°C) pour chauffer un réseau d’eau chaude qui va circuler à l’intérieur des serres. »
Ces immenses serres chauffées s’étalent sur quatre hectares. Depuis mars 2022, trois associés venus de la région nantaise y cultivent des tomates hors sol. Elles poussent dans des gouttières suspendues, à l’abri des insectes et des maladies, et bien au chaud.
« Nos serres sont chauffées toute l’année, avec une température maximum de 52°, et en général entre 18° de nuit et 21 à 22° de jour, précise Stéphane Gaborit, l’un des trois associés. On produit à partir de fin février-début mars, jusqu’au 15 novembre à peu près. »
A-t-on vraiment besoin de produire des tomates hors saison ? « Bien sûr que c’est utile, rétorque le serriste, parce que les consommateurs ont besoin d’avoir des tomates à disposition en hiver dans les grandes surfaces. Le chauffage permet d’éviter d’importer des tomates d’Europe du Sud. »
« Les Français consomment 900 000 tonnes de tomates par an, alors qu'on n'en produit que 450 000 tonnes en France », souligne Jean-Luc Davy. Pour cette première année, les serres de Lasse en ont produit 2 300 tonnes, un volume conforme à l’objectif fixé.
Aurait-on pu faire quelque chose de plus utile de cette chaleur ? Jean-Luc Davy y a réfléchi. « Bien sûr, quand on est en ville, on fait des réseaux de chaleur pour chauffer les maisons, les établissements, l’eau d’une piscine, etc. Mais ici, en pleine campagne, il fallait trouver un projet qui consomme la chaleur, donc les serres, c’était une très bonne idée ! »
Ces serres emploient 15 personnes en CDI, auxquelles s’ajoutent une soixantaine de saisonniers entre avril et octobre. Le Sivert a investi près de 20 millions d’euros dans cette installation, qui est vouée à s’agrandir. A terme, elle devrait compter 11 hectares de serres chauffées pour une centaine d’emplois en tout.
Comme l’incinérateur ne tourne pas tout le temps, une chaufferie à gaz a été installée pour prendre le relais et garder les tomates au chaud. Elle sera bientôt alimentée par deux méthaniseurs, qui doivent entrer en service en 2023.
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