Les évêques ont reconnu, en assemblée plénière, la "responsabilité institutionnelle de l'Église" dans les violences subies par les victimes d'abus sexuelles. Un premier pas avant leur rencontre avec 130 personnes invitées à Lourdes pour parler du rapport de la Ciase.
Il fallait le dire de manière "plus forte, plus nette, plus catégorique", d’après Mgr Éric de Moulins-Beaufort. L'archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a pris la parole, ce vendredi 5 novembre, à Lourdes, pour indiquer clairement que l’assemblée plénière des évêques reconnaissait "la responsabilité institutionnelle de l’Eglise" dans les violences subies par les victimes d’abus sexuels. "Nous reconnaissons aussi la dimension systémique de ces violences, a-t-il ajouté. Cette responsabilité entraîne un devoir de justice et de réparation." Une étape importante a donc été franchie, avant d’accueillir 130 personnes invitées à travailler avec les évêques sur le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase), rendu début octobre. Des religieuses et religieux, prêtres, diacres, mais aussi des laïcs envoyés par des mouvements ou associations catholiques.
"Nous avons besoin de vous pour nous aider à percevoir où Dieu nous attend", a déclaré en introduction Mgr Éric de Moulins-Beaufort. "Les évêques sont conscients que vous vous êtes mobilisés en un temps très court", a-t-il précisé, alors que certains laïcs ont fait le choix de ne pas se déplacer, estimant que le temps d'échange avec les évêques était restreint. "Cette assemblée n'est qu'une première étape", a répondu le président de la CEF.
Les 130 personnes présentes ont été répartis en groupe d’une dizaine de personnes pour partager leur ressenti après la réception de ce rapport, en partant des photos prises par une victime pour exprimer les violences subies. Un temps d’échange et d’écoute qui a rappelé à Mgr Luc Crepy, l’évêque de Versailles, ce qui s’est passé dans certains diocèses après la publication du rapport. "C'est ensemble que nous avançons dans l'Église et que l'on peut changer les choses", a estimé le président du Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie. "C'était un bel échange, très profond et fraternel, d'après Stéphane Ayouaz, le supérieur du séminaire de Toulouse, et l'un des 130 invités. Chacun a pu exprimer ce qu'il avait dans son cœur. On en avait besoin."
Les invités ont ensuite travaillé plus particulièrement sur les recommandations de la Ciase, autour de plusieurs thèmes, notamment les réparations financières ou encore le droit canonique. "Certaines recommandations peuvent être mises en place tout de suite, selon Agnès Cerbelaud, porte-parole des Scouts et guides de France. Par exemple, vérifier le casier judiciaire d'une personne avant qu'elle soit mise en contact avec des mineurs, c'est quelque chose qui existe dans le scoutisme depuis longtemps, et qui est facile à mettre en œuvre."
Mais les 130 participants ont aussi conscience qu’il faudra du temps pour d’autres dispositions. Mgr Luc Crepy a d’ores et déjà indiqué qu’un échéancier des mesures à mettre en place après le rapport de la Ciase devait être défini d’ici la fin de l'assemblée plénière d'automne, soit d'ici lundi 8 novembre. En attendant, les évêques poursuivent, ce samedi matin, leur travail avec les invités. Ceux qui le souhaitent peuvent d’ailleurs participer au temps mémoriel et pénitentiel prévu.
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