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Abstention

RCF,  - Modifié le 12 décembre 2019
Eh bien non je ne vais pas m’abstenir de radiographier ce mot… À chaque élection, dans presque tous les pays, il est de fait d’actualité, on s’intéresse en effet au taux d’abstention.
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Ce mot était en concurrence, ce qui paraît curieux aujourd’hui, avec le mot « abstinence ». Le mot abstention vient bien du latin absentio, action de retenir, et il fut donc tout d’abord synonyme d’abstinence en faisant partie du vocabulaire religieux. « Ils firent faire aumônes, jeûnes et grande abstention » peut-on lire au XIIe siècle.

Sainte-Beuve, au XIXe siècle, en évoquant Port-Royal, met aussi par exemple de son côté en scène M. Pavillon, prescrivant « au prince les jeûnes, les prières » et « l’abstention du théâtre ». Le mot fut ensuite associé au vocabulaire du droit avant de prendre au XIXe l’acception moderne rattachée principalement au fait pour un citoyen de ne pas user de son droit électoral.

À Camille Flammarion, dans son Dictionnaire universel, revient un commentaire sans concession dans le cadre d’une remarque qui conclut l’article « abstention » : « L’abstention, écrit-il, est la renonciation d’un électeur à l’usage de son droit de suffrage. Elle peut être motivée par la répulsion qu’inspirent à l’électeur tous les candidats entre lesquels il est appelé à se prononcer ; mais le plus souvent elle n’a d’autre cause que l’indifférence ou la négligence dans ce cas l’abstention est absolument condamnable ».

À dire vrai, la littérature nous offre des citations sur le sujet pour la plupart du XIXe siècle. Voici par exemple Romain Rolland faisant dire à l’un de ses personnages dans Jean-Christophe en 1911 : « Olivier avouait, non sans un peu de honte, qu’il ne se souvenait pas d’avoir usé de ses droits d’électeur », et Edmond Goncourt de reprendre le propos : « Il y a chez moi, écrit-il dans le Journal des frères Goncourt, le 11 octobre 1877, une aversion telle de la politique qu’aujourd’hui, où c’est vraiment un devoir de voter, je m’abstiens. » Bon, on le voit, tout cela est bien compliqué. Mais je ne vais pas m’abstenir de conclure.

Je m’en tirerai en rappelant que l’anagramme du mot abstention, c’est « brisante ». Ce qui n’est pas très commode, une « brisante abstention » en Algérie ? Bon, comme on disait autrefois, « brisons là ».

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