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Algérie: la nouvelle candidature de Bouteflika face à la colère populaire

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF, le 1 mars 2019 - Modifié le 29 février 2024
Le dossier de la rédactionAlgérie: la nouvelle candidature de Bouteflika face à la colère populaire

Depuis une semaine la colère gronde en Algérie. Le peuple est dans la rue pour protester contre le régime en place.

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L’élection présidentielle est prévue mi-avril en Algérie. A bientôt 82 ans, le président Bouteflika a annoncé qu’il briguait un cinquième mandat. Et Abdelaziz Bouteflika, qui est au pouvoir depuis 20 ans, est une nouvelle fois candidat à sa propre succession. C’est ce qu’il a annoncé le 10 février dernier dans une lettre à la Nation. Une décision étonnante, vu l'état de santé du président algérien, qui suscite une vague de protestation dans le pays.

Cette énième candidature a mis le feu aux poudre en Algérie. Depuis une semaine, des dizaines de milliers d’Algériens descendent chaque jour dans les rues d’Alger et des grandes villes du pays. Une colère qui semble partagée par une grande partie des 42 millions d’Algériens dont plus de la moitié à moins de 30 ans. Les précisions de Mohamed Sifaoui, journaliste, directeur du magazine "Contre-terrorisme" et auteur du livre “Où va l'Algérie ? et les conséquences pour la France” aux éditions du Cerf.

La violence terroriste des années 1990, la décennie noire, restent vives dans les esprits des Algériens. A cela, il faut ajouter la crainte de plonger dans un nouveau chaos comme ce fut le cas notamment en Libye et en Syrie après les révoltes de 2011. C’est dans une colère mêlée de crainte que la population se mobilise contre cette nouvelle candidature d’Abdelaziz Bouteflika. Et pour cause, c’est un président fantôme.

Abdelaziz Bouteflika aura 82 ans ce samedi. Victime d'un AVC en 2013, il est malade et quasi-invisible. Il n'est pas apparu en public depuis plus de trois mois et il se trouve actuellement en Suisse pour se faire soigner. Alors dans quel état se trouve plus précisément le président candidat et qui tient finalement les rênes du pays ? Les explications d’Antoine Basbous, politologue, directeur de l'Observatoire des pays arabes.

Un régime corrompu où l’opposition n’a pas droit de citer et ou la presse est muselée. Pas plus tard qu’ hier, une dizaine de journalistes algériens qui participaient à un rassemblement contre "la censure" dans le centre d’Alger ont été interpellés par la police avant d’être relâchés quelques heures plus tard. Si aujourd’hui les manifestations sont pacifiques, la situation pourrait dégénérer sous la pression du régime. Mais quelles seraient les conséquences géopolitiques d’une déstabilisation de l’Algérie, pour la région du Maghreb, pour la France et l’Europe ? Antoine Basbous.

Une déstabilisation qui aurait aussi des conséquences sur le plan migratoire, sécuritaire mais aussi économique. Les hydrocarbures représentent aujourd’hui près de 30% de la richesse du pays et comptent pour 98% des exportations. Précisons que 10% du gaz importé en France vient d’Algérie. Et la déstabilisation du pays serait lourde de conséquences. Pour l’instant dans les couloirs du palais présidentiel, on murmure que si la mobilisation de la rue ne remettra pas en cause la candidature du président Bouteflika, on n’exclut pas non plus de prendre en considération les revendications du peuple algérien. Une manière de souffler le chaud et le froid et d’éviter que la situation ne dégénère.

Il est trop pour prédire l’avenir. Mais dans l’hypothèse d’un changement de régime, l’enquête sur l’assassinat des moines de Tibhirine pourrait s’éclaircir, enquête qui fait l’objet d’un bras de fer entre la justice française et l’Etat algérien depuis plus de 20 ans. C’est en tout cas ce que veut croire Maître Patrick Baudouin, l’avocat de deux des familles des moines assassinés. Vingt-trois ans après leur mort, l’enquête n’a toujours pas abouti et les circonstances de l’assassinat des moines béatifiés le 8 décembre dernier sont toujours floues. Alors un changement de régime pourrait délier les langues, pour Maître Patrick Baudouin.

La justice française scrute de près les évènements, tout comme Emmanuel Macron qui a fait venir cette semaine à Paris l’ambassadeur français à Alger pour qu’il fasse le point de la situation avec Jean Yves le Drian, le ministre des Affaires étrangères. Mais à la veille du dépôt officiel de la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, dimanche, la mobilisation s’annonce très importante, vendreid, et pourrait être une étape décisive dans cette contestation du régime en place.

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