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Alstom-Siemens: histoire d'un mariage raté

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF,  - Modifié le 24 juin 2021
Le dossier de la rédactionAlstom-Siemens: histoire d'un mariage raté
​Il n'y aura pas de fusion entre le Français Alstom et l'Allemand Siemens. La Commission européenne a tranché mercredi. Cette décision a suscité une levée de boucliers à Paris et Berlin.
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C'est peu de dire que la décision de Bruxelles a fait littéralement trembler les deux entreprises. Le français Alstom et l’allemand Siemens espéraient cette fusion depuis un an et demi. Le but était de créer un géant industriel européen pour faire face à  l’expansion du mastodonte chinois du ferroviaire CRRC. Mais l’Union européenne a vu dans ce rapprochement le risque d’une situation de monopole et des conséquences sur le prix des trains et des billets. Au-delà des entreprises, ce sont les responsables politiques qui ont été contrariés par cette décision. 
 

Le veto de la Commission européenne

Margrethe Vestager, commissaire chargée de la Concurrence, a estimé que cette fusion entre Alstom et Siemens n’aurait pas posé de problèmes sur les marchés de rames de métro ou de trains régionaux car il existe déjà sur le marché de nombreux constructeurs ferroviaires. En revanche, pour les trains à très grande vitesse et pour la signalisation ferroviaire, la fusion aurait selon elle réduit de manière significative la concurrence. Une analyse très eurocentrée, et qui manque de vision pour l'économiste Philippe Chalmain,


 

La menace d'une concurrence chinoise

L’ombre du géant chinois plane sur l’Europe. CRRC, c’est le nom du leader mondial du ferroviaire. Le groupe chinois est présent presque partout. En Argentine, ses trains relient le centre à la banlieue. Ses locomotives relient l’Ethiopie à Djibouti. En Inde, il a installé une usine qui assemble des rames de métro destinées à la ville de Nagpur. Il est présent au Caire, à Istanbul, et à Los Angeles. Bref le géant chinois est présent dans 102 pays, il tisse sa toile et même si en Europe son déploiement est encore timide, quelques contrats en Serbie, en Macédoine, et République tchèque, la menacent d’une concurrence chinoise. L'avis de Pascal Perri, économiste et éditorialiste pour LCI:

La qualité, le service, des arguments pour préserver les européens de la concurrence asiatique. Côté syndicats, on est plutôt soulagé de la décision prise par Bruxelles. Direction Belfort ou depuis 140 ans l’histoire de la ville se confond avec celle d’Alstom. Les employés de l’usine voyaient avec inquiétude la perspective de cette fusion. Alors le veto de la commission européenne a été accueilli avec un certain soulagement. C'est ce qu'explique André Fages, délégué syndical CFE-CGC d'Alstom Belfort:


 

Un droit européen de la concurrence obsolète ?

Mais Paris et Berlin ne comptent pas en rester là. Le ministre de l’économie Bruno Lemaire a évoqué un droit du XXème siècle pas franchement adapté au XXIème siècle, à propos du droit européen de la concurrence. La France et l’Allemagne estiment qu’il doit évoluer et entendent notamment proposer une révision des règles pour que le Conseil européen puisse contourner le strict respect des règles au nom d’un intérêt général supérieur. Voici ce qu’en pense Nicolas Petit, spécialiste du droit de la concurrence européen, professeur à l’université de Liège et "professeur invité" à l’université de Stanford aux Etats-Unis:

Le match est loin d’être gagné pour Paris et Berlin car pour modifier le règlement, il faut une majorité qualifiée des Etats membres. Une majorité qui n’est pas d’actualité car les 27 ne sont pas tous sur la même longueur d’ondes. Un chose est sûre : le droit de la concurrence sera sur la pile des dossiers débattus dans le cadre des élections européennes le 26 mai prochain.
 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
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