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Angela Merkel, poussée à droite

RCF,  - Modifié le 4 juillet 2018
Pour sauver son gouvernement, la chancelière a passé un accord avec les conservateurs bavarois. Mais ne va-t-il pas affaiblir les réponses européennes face à la pression migratoire ?
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Angela Merkel a donc fini par passer un compromis boiteux. En acceptant que les migrants arrivant en Allemagne mais déjà enregistrés dans un autre pays de l’Union (environ le tiers d’entre eux) soient placés dans des « centres de transit » à la frontière avec l’Autriche, la chancelière rompt avec la politique d’accueil, amendée depuis, qui avait été à son honneur au plus fort de la crise migratoire en 2015.

Ces migrants seront ainsi renvoyés vers leur pays d’entrée dans l’Union sur la base d’accords bilatéraux ou refoulés vers l’Autriche d’où ils arrivent le plus souvent. Sous la pression d’un chantage à la démission, orchestré par l’aile droite de sa coalition, Angela Merkel, affaiblie, a donc pour un temps sauvé les meubles. Peut-être n’avait-elle guère d’alternative dans l’urgence ?
 
Cela semble parfaitement contraire à l’esprit des discussions européennes lors du sommet de Bruxelles. Cet arrangement en Allemagne ouvre en effet sur un gouffre en Europe. Les dirigeants européens avaient convenu la semaine dernière lors d’un sommet à Bruxelles d’affronter les difficultés en coopérant et en aidant les Italiens. Dès hier, après l’annonce unilatérale allemande, les Autrichiens ont déclaré qu’eux-mêmes refouleraient les migrants arrivant notamment d’Italie et de Slovénie.

La spirale infernale qui consiste depuis des années à déléguer, sans coordination européenne, la gestion des flux migratoire à ses voisins s’en trouve amplifiée. On en verra très vite l'effet domino dans l’affaiblissement de la coalition au pouvoir en Allemagne (les sociaux-démocrates fustigent l’accord CDU-CSU), dans l’accroissement des tensions et des incidents aux frontières intra-européennes. Voilà qui n’améliorera rien.
 

 

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