Chaque année, les départs en grandes vacances coïncident avec une recrudescence des abandons d'animaux. Un phénomène accru par la difficulté à boucler les fins de mois.
Pris en étau entre les abandons qui explosent et les adoptions qui patinent, les refuges de la SPA sont saturés comme jamais. Une tendance qui risque de s'amplifier avec les vacances d'été, période à laquelle, tous les ans, les abandons d'animaux de compagnie augmentent sensiblement. "On compte 100 000 abandons chaque année, dont 60 000 rien qu'en période estivale", soupire Reha Hutin, présidente de la fondation 30 Millions d'Amis à la pointe de la lutte contre la souffrance animale. Aux propriétaires d'organiser leurs congés de sorte à ne pas se trouver au pied du mur. "Les vacances, ça se prépare. On ne part pas du jour au lendemain. Il faut repérer les lieux qui accueillent avec un bol d'eau pour le chien, un sourire pour vous", conseille-t-elle. D'autant plus que les options ne manquent pas. "Les lieux de villégiature commencent à nous considérer comme de vrais clients et viennent nous chercher. Il y a même des syndicats d'initiative qui mettent en place le toutourisme", se félicite-t-elle, invitant à consulter l'application de la fondation, "qui propose 350 adresses de villégiature".
Reha Hutin se hérisse contre "les conséquences dramatiques de la marchandisation dont les animaux de compagnie sont victimes. Ce sont des acquisitions compulsives, sur un coup de cœur, en animalerie ou par petites annonces". C'est qu'à l'ère de la satisfaction immédiate, on achète un chat comme on commande un smartphone. Évidemment, ça coince. "Quand on adopte ou achète un animal, il faut mesurer pleinement la responsabilité qui nous incombe. Il faut s'en occuper une quinzaine d'années pour un chien, près de vingt pour un chat". Mardi 20 juin, la SPA lançait une campagne de sensibilisation à travers un film, lequel met au jour l'absurdité d'adopter ou acheter un animal inadapté à son mode de vie.
Quand on adopte ou achète un animal, il faut mesurer pleinement la responsabilité qui nous incombe
Autre cause structurelle des abandons, la hausse du coût de la vie n'arrange pas la situation. De mars 2022 à mars 2023, les croquettes ont bondi de 18%. Dans ce contexte inflationniste, d'autres pays développent des solutions contre l'abandon. "En Angleterre par exemple, une majorité d'animaux sont assurés", explique Reha Hutin. Bien que moins développées en France, il existe des "assurances privées" qu'elle recommande "car elles couvrent tous les frais de vétérinaire".
Malgré tout, la sensibilité globalement accrue au bien-être animal a contribué à infléchir le phénomène des abandons en quelques décennies. "C'est mieux qu'il y a trente ans, où on parlait de 400 000 abandons par an", soit quatre fois plus qu'aujourd'hui, souligne Reha Hutin. Depuis 2015, le code civil considère les animaux comme des "êtres vivants doués de sensibilité". Une évolution pour laquelle la fondation a ferraillé. "Avec 30 Millions d'Amis, nous avons changé le code civil, clame la présidente. Avant, l'animal était considéré comme un bien meuble". Sans parler d'une loi de 2021 qui a renforcé les sanctions pour maltraitance. Autrefois punis de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende, l'abandon comme les sévices graves sont depuis punis de trois ans et 45 000 euros.
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