Après l’épisode de Floraine la semaine dernière, sur les récits différents et l’importance de les confronter jusqu’à en écrire un à plusieurs mains, je me suis dit que c’était l’occasion de revenir sur un sujet concernant la mémoire française. C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur dont l’horreur m’a fait arriver à Coexister et un article du Monde du 27 janvier en a réactivé l’urgence pour moi. Je vous donne le titre : La Shoah, un mythe ou un récit exagéré selon un quart des jeunes aux Pays-Bas.
Je n’ai jamais compris comment ça se fait qu’un récit aussi historiquement prouvé puisse être nié.
La première raison est dû au temps nécessaire pour sortir de la torpeur du traumatisme. Cette torpeur entraîne de la lenteur dans l’inscription de ce qui s’est passé dans la culture populaire, un besoin de repousser les mauvais souvenirs et de passer à autre chose.
Le souci avec ce réflexe est qu’il entraîne le déni et donc zéro transmission à la génération suivante de ce qui a été vécu. Il a fallu attendre les années 80 pour que le gouvernement français commence à parler de la Shoah et petit à petit reconnaisse la collaboration.
Cela a donné 40 ans de générations qui n’ont pas pu transmettre à cause du trauma et du pays qui ne reconnaissait pas, donc 40 ans d’élèves qui n’ont pas appris.
Si on a réussi à quand même sortir un peu de cette torpeur, à inscrire dans les programmes scolaires le récit de l’horreur des persécutions et des exterminations, il y a quand même une voix en chacun d’entre nous qui se dit que ça n’arrivera plus, car nous, on en serait plus capable.
Et bien spoiler alerte, il faut un sacré niveau de connaissance et de vécu pour avoir la capacité à reconnaître les mécanismes de haine et les stopper. Il est extrêmement difficile d’apprendre des erreurs des autres et de ne pas se sentir supérieur ou meilleur à la génération précédente. L'Histoire en est la preuve infinie.
Et oui finalement, dans la continuité de la remise en question, il y a l’ancrage très important des préjugés antisémites qui corrobore et justifie toute parole essentialisante. Et dire qu’on l’a dépassé est faux ! Faites attention aux généralisations sur les juifs dites autour de vous et vous verrez.
Et il est prouvé qu’il y a un lien entre généralisation et haine. Ce qui ne veut pas dire que dès qu’on généralise, il y a de la haine. Je veux dire que cela pose un terreau négatif et qu’il faut en avoir conscience.
Mon premier conseil est très concret : Visiter des lieux de mémoire, emmenez-y vos enfants, petits-enfants, neveux et nièces et les enfants de vos amis. Prenez le temps de comprendre, de sentir dans votre chair ce qui s’est passé. Et l’un des plus pédagogue, qui montre bien comment le terreau favorable à la haine mène à la mort et le Camp des Milles à Aix-en-Provence. C’est un endroit qu’il faudrait qu’on visite tous plusieurs fois. Et il est très adapté aux enfants !
Et vu que vous êtes des adeptes de la radio, vous pouvez prendre le temps d'écouter le super podcast "à la recherche de Jeanne" disponible sur toutes les plateformes.
Ensuite, on a des ancêtres qui ont merdé et si on ne peut rien changer, on peut agir sur comment faire en sorte de ne pas reproduire cela. C’est un ami allemand, Henning, qui m’a fait réaliser ça. Il m’a dit qu’en tant qu’allemand d’une trentaine d'années aujourd’hui bien sûr qu’il n’est pas coupable de ce qui s’est passé. Par contre, il est responsable que sa génération ne réitère pas. Surtout qu’une personne avertie en vaut deux donc si on refait la même chose alors qu’on était averti, alors on est deux fois plus coupable. Non merci !
Ensuite, il faut assumer notre histoire et surtout ne pas cacher les zones moins belles. Je rêve d’une France comme celle de Mélanie Diam’s, car comme elle le dit “Ma France à moi ne vit pas dans l’mensonge, Avec le cœur et la rage, à la lumière, pas dans l'ombre”.
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